Quant aux péchés proprement dits, dans ses sermons Hugues a tendance à aborder les vices qui concernent la plupart des fidèles. Par conséquent, dans nombreux textes on trouve la triade des vices qui revient régulièrement dans les sermons du XIIIe siècle : l’orgueil, l’avarice et la luxure. 883 Le prédicateur mène un combat acharné contre ces trois vices et toutes circonstances sont bonnes pour rappeler aux fidèles qu’ils doivent s’en garder. De même, le reste des sept péchés capitaux – la colère, l’envie, la paresse et la gourmandise – resurgissent dans la collection par intermittence. 884 Il est intéressant de remarquer que la fréquence d’apparition de ces péchés est importante dans la première partie du recueil, tandis que dans la seconde moitié le nombre des occurrences diminue progressivement. On peut se demander si la raison de cette inégalité ne réside pas dans la volonté de Hugues d’insister, dès le début, sur le caractère peccamineux des péchés, insistance qui devient moins nécessaire à mesure que l’on avance dans l'année liturgique.
Pour catégoriser les péchés, Hugues utilise le plus souvent le schéma ternaire et septénaire. 885 Comme nous avons vu, le système ternaire - l'orgueil, l'avarice et la luxure - est omniprésent dans le sermonnaire: Hugues saisit toute occasion pour rappeler aux fidèles l'ignominie de ces trois vices. Il est intéressant de noter que Hugues a tendance à ériger la gourmandise au rang des trois péchés les plus fustigés. En effet, soit la gourmandise est rajoutée à la triade des vices (superbia, avaritia, luxuria), soit, elle remplace un d'entre eux. 886 En associant de temps à autre le péché de la gourmandise à la catégorie des trois vices, Hugues accorde une place privilégiée à un des sept péchés capitaux que les autres vices (envie, colère, paresse) n'ont pas dans le sermonnaire. Cette attention particulière à l'égard de la gula reflète sans doute son propre jugement.
Le schéma septénaire - bien que moins fréquent par rapport à la classification ternaire - reste une catégorie importante dans les sermons. 887 Parallèlement au schéma septénaire, se répand un autre système de classification au cours du XIIIe siècle, basé sur le décalogue. 888 Cette catégorisation de péchés rencontrera un succès énorme ultérieurement. Bien que dans la première moitié du XIIIe siècle elle joue un rôle secondaire par rapport au schéma septénaire, on en trouve déjà quelques exemples dans les sermons de Hugues de Saint-Cher. 889 Dans ce domaine - comme dans tant d'autres - Hugues semble avoir adopté une position progressiste.
On trouve ces péchés dans les sermons (6,2), (7,4), (11,2), (15,4), (17,4), (18,2), (22,5), (26,2-4), (29,1), (32,5 et 6), (41/C,2), (44,3), (47,3), (69,3), (70,1), (75,3), (102,3), (104,1), (111,2) et (123,1).
Voir les sermons (3,2), (6,1), (21,1), (24,4), (25,2), (29,1), (32,4 et 7), (40,4), (42,1), (47,2), (60,4), (68,4), (88,1), (90,3), (104,1), (110,2) et (123,1).
Sur la catégorisation des péchés, voir C. Casagrande e S. Vecchio, I sette vizi capitali. Storia dei peccati nel Medioevo, Torino, 2000
Voir les sermons: (21,1), (32,4), (47,2), (62,4), (69,3), (104,1) et (123,1).
Voir les sermons: (18,2), (21,1), (36,3), (42,1), (68,4), (110,2), (117,1),
Sur cette question, voir: C. Casagrande e S. Vecchio, I sette vizi capitali, op. cit. p. 207-27. (le chapitre «Tre, sette, dieci: l'aritmetica dei peccati»). Voir également: S. Vecchio, Il decalogo nella predicazione del XIII secolo , In. Cristianesimo nella Storia, 10, 1989, p. 41-56.
Voir les sermons (92,1) et (121,1).