Images se rapportant aux péchés 

Dans les sermons médiévaux les maladies sont souvent associées aux péchés. Si Hugues interprète la fièvre comme l'image de la luxure, Aldobrandino Cavalcanti la met en parallèle avec l'ensemble des sept péchés capitaux. 911 Notons ici que la maladie qui symbolise le péché par excellence est la lèpre. 912 Dans ses sermons Hugues se sert souvent de l'image des maladies pour désigner les péchés. Il affirme que les péchés sont de véritables infirmités spirituelles qui se manifestent visiblement : à chaque péché de l’âme correspond une maladie du corps. Ainsi, dans le sermon Erat quidam regulus (Io. IV. 46), Hugues identifie les vices avec des maladies lorsqu’il parle du gonflement de l’orgueil, de la lèpre de l’envie, de la frénésie, de la colère, de la paralysie de la paresse, de l’hydropisie de l’avarice, de la boulimie des riches et de la fièvre de la luxure. 913 Ici même, l’auteur précise que le péché fait beaucoup de mal : il refroidit l’homme, il le brûle de la chaleur de la libido, il enlève le sommeil et la couleur de la bonne réputation, il enlève l’usage de chaque membre, enfin il donne la mort éternelle. 914 Des infirmités - telles la cécité, la surdité ou le mutisme - sont toujours associées aux péchés. 915 De plus, dans le sermon Ibat Iesus (Lc. VII. 11), Hugues compare le mort du passage évangélique à un pécheur qui est - à la manière d'un mort - aveugle, sourd et muet. 916 De même, on retrouve régulièrement l'image de la guérison de la maladie des péchés, guérison qui signifie généralement la pénitence. En cas de maladie, lisons-nous, il faut chercher d’abord le docteur de l’âme avant celui du corps, car les maladies arrivent souvent à cause des péchés. 917 Enfin, notons que parfois Hugues compare le péché à la pierre, car l’un et l’autre sont durs, froids et lourds. 918

Notes
911.

L. J. Bataillon, Les images dans les sermons, In. La prédication au XIIIe siècle, op. cit. XI, p. 331-342. Sur les trois péchés capitaux, voir C. Casagrande e S. Vecchio, I sette vizi capitali, Torino, 2000. Voir aussi: N. Bériou, L'avènement des maîtres de la Parole, op. cit. p. 425-427.

912.

Voir: N. Bériou et F.-O. Touati, Voluntate Dei leprosus. Les lépreux entre conversion et exclusion aux XIIe et XIIIe siècles, (Testi, Studi, Strumenti, 4), Spoleto, 1991

913.

«Notandum quod sicut multe sunt infirmitates corporales, ita et spirituales : - Prima est inflatio superbie. […] - Secunda lepra invidie que consumit peccatorem, et alios inficit per detractiones. […] - Tertia est frenesis iracundie. […] - Quarta est paralisis, scilicet accidie que facit hominem languere. […] - Quinta est ydropisis avaritie. […] - Sexta est lupus gule. Hec infirmitas solet invadere magnates, et semper vult habere gallinas albas ut dicitur, ubi potest notari libido lecatorum. […] - Septima est febris luxurie. Hanc infirmitatem habebat filius reguli istius.» (110,2).

914.

«Set notandum quod quidam habet febrem cotidianam, quidam tertianam, quidam quartanam. Cotidianam habet qui cotidie de hoc peccato laborat. Hec infirmitas multa mala facit : - Primo reddit hominem frigidum. […] - Secundo ardentem ardore libidinis. […] - Tertio aufert saporem. […] - Quarto aufert colorem, id est bonam famam. […] - Quinto aufert officium omnium membrorum ut officium manuum ne bene operentur. […] - Sexto mortem eternam dat.» (110,3).

915.

Cécité: (29,1) et (35,1). Surdité: (88,1-2). Mutisme: (35,1), ((88,3), (105,3) et (108,3).

916.

«Ecce defunctis efferebatur, etc. Defunctus iste peccatorem mortuum in peccatis significat, et hoc dicitur propter multa : - Quia frigidus. […] - Quia putridus per prava consuetudinem. […] - Quia fetidus per pravum exemplum. […] - Quia cecus. […] - Quia mutus. […] - Quia surdus. […] - Quia manibus contractus. […] - Quia pedibus confractus. […] - Quia a Deo qui est via, veritas et vita separatus.» (97,5).

917.

«Sequitur. Dimittuntur tibi peccata tua. Dominus dimittendo peccata prius eum sanat in anima quam in corpore, per hoc nos instruens quod in egritudinibus nostris prius querendus est medicus anime quam corporis. Infirmitates enim frequenter contingunt propter peccata. Unde prius occurrendum est cause morbi quam morbo.» (105,4). Dans ce même sermon, Hugues donne les raisons pour lesquelles nous arrivent des maladies: «Notandum quod V de causis contingunt infirmitates : - Ut merita per patientiam augeantur. […] - Ut virtutes melius custodiantur. […] - Ut peccatores plenius corrigantur. […] - Ut gloria celi manifestetur. […] - Ut hic et in perpetuum puniantur.» (105,4).

918.

«Non relinquent in te lapidem super lapidem, (Luc. XIX. 44). Narrata historia, nota quod per lapidem in hoc loco peccatum intelligi potest, et hoc tribus rationibus, scilicet : - Quia durum. […] - Quia frigidum. […] - Quia ponderosum.» (81,1).