a) Un état de vie : les femmes dans les sermons

Parmi les états de vie, le seul qui donne lieu sous la plume de Hugues de Saint-Cher à des considérations morales spécifiques - en dehors de celui des clercs déjà évoqué - est celui des femmes. Les sermons médiévaux dénoncent régulièrement certains défauts attribués aux femmes, tels la coquetterie ou les péchés de langue ¹⁰¹⁶ : à l’encontre de celles-ci, tenues responsables depuis Eve de nombreux maux, se manifestait traditionnellement une misogynie cléricale. Ainsi, selon Raoul Ardent, la triple faiblesse de la femme réside dans la chair, le sexe et la sensibilité. ¹⁰¹⁷ Chez Hugues aussi nous trouvons quelques passages dénonçant l’amour des belles parures ou le port des vêtements précieux, singulièrement chez les femmes. ¹⁰¹⁸  De même, il ne ménage pas les femmes “ impudentes ” dans un passage qui vise vraisemblablement les prostituées. ¹⁰¹⁹ Cependant, l’interprétation qu’il propose de la tentation au paradis ne met guère l’accent sur la responsabilité d’Eve dans la faute originelle ; il propose seulement une explication spirituelle des mécanismes de la tentation selon laquelle Eve figure la chair qui éprouve du plaisir (et Adam, le consentement). ¹⁰²⁰ Les jugements qu’il émet peuvent même avoir une connotation positive. Ainsi, dans le sermon Maria Magdalena et Maria Iacobi et Salome (Mc. XVI. 1), Hugues souligne la dévotion et la sainteté des trois femmes cherchant le tombeau du Christ. ¹⁰²¹ Enfin, les veuves lui inspirent de la compassion : dans le sermon Redde quod debes (Mt. XVIII. 28), nous lisons que parmi les opprimés Dieu écoute en particulier la plainte des veuves. ¹⁰²²

Ce type de discours sur les femmes est au total assez peu présent, beaucoup moins en tout cas que celui des figures tirées des conditions et des activités des hommes et des femmes en société pour appuyer un enseignement, doctrinal et moral, à l’adresse de tout à chacun.