Par suite du comportement très prudent de la Banque de France, un large espace reste disponible pour ce qu'on nomme la Haute Banque parisienne, si bien que celle-ci connaît un développement rapide de son activité pendant la Restauration. Elle se compose de banques d'affaires qui s'étaient pour la plupart installées à Paris au XVIIIe siècle pour accompagner les transactions commerciales alors en plein essor : parmi leurs fondateurs, se trouvent beaucoup de banquiers d'origine suisse, André, Hottinguer, Perrégaux etc.
Ces banques disposent d'un capital important 71 : grâce à leur solide assise financière, elles peuvent assurer l'établissement de relations commerciales dans le contexte de pénurie monétaire dû à la politique de la Banque de France, l'unique institut d'émission. Dans ces circonstances, la fonction économique des banquiers qui sont à leur tête consiste à mettre en relation les agents à besoin de financement et les agents à capacité de financement en proposant des placements à ceux qui disposent de liquidités abondantes pour les prêter à ceux qui ont besoin de numéraire : ces banquiers garantissent la solvabilité d'un débiteur en apposant leur signature, largement reconnue, sur une traite commerciale ; ils accordent aux négociants des crédits à court terme pour leur permettre d'attendre l'échéance d'un règlement. A chacune de ces opérations, ils prélèvent un intérêt ou une commission : leur activité se révèle ainsi très rémunératrice.
Grâce à leur importance financière, ces banques jouent aussi un rôle important dans les règlements internationaux et la place de Paris connaît un assez grand dynamisme commercial et un assez grand rayonnement financier. Mais ce dynamisme se limite à la région de Paris et le reste de la France est toujours à cette époque un désert financier : "Dans beaucoup de régions, écrit M. Levy-Leboyer, le crédit n'est [vers 1830] encore qu'un vain mot" 72 .
B. Gille, op. cit., p. 53, nous dit à titre d'exemple que le capital de la banque Perrégaux s'élevait à 2 millions de francs déjà en 1805.
Cité par F. Caron, op. cit., p. 52.