C - Les structures complémentaires de financement.

Les marchands souffraient beaucoup de l'absence d'une véritable organisation financière au niveau national. Ils devaient avoir recours à des banques locales disposant de peu de moyens, vivant dans la dépendance des banques parisiennes dont elles étaient les correspondantes, très fragile, de ce fait, de par leur statut de sous-traitant. Le plus souvent même ils devaient s'adresser à ce que B. Gille appelle "les structures inférieures et les structures annexes du crédit" 73 : celles-ci constituaient une organisation financière hétéroclite composée de notaires de province, de négociants aisés, d'épargnants fortunés, d'intermédiaires douteux…

Ainsi l'organisation du système bancaire au début du XIXe siècle laisse apparaître un vide institutionnel assez inquiétant. Le financement d'une grande partie de l'économie française dépend d'une multitude d'acteurs isolés, disposant de ressources limitées, qui nouent avec leur clientèle des relations largement informelles. Ce système de financement hétéroclite constitue à cette époque une grave déficience de l'économie française : les saint-simoniens en étaient bien conscients ; ils pensaient même qu'il s'agissait de sa faiblesse la plus inquiétante à laquelle il fallait absolument trouver des solutions.

Notes
73.

B. Gille, La Banque et le crédit en France de 1815 à 1848, PUF, Paris, 1959, p. 70.