La stagnation du PIB et de la production industrielle s'expliquent sans doute en grande partie par l'atonie de l'investissement au cours de la période. M. Levy-Leboyer et F. Bourguignonestiment l'investissement net à 303 millions en 1820 et 327 millions en 1830. Contrairement toutefois au PIB et à la production industrielle, cet agrégat connaît des variations assez marquées d'une année à l'autre : la moyenne des 11 ans est de 407 millions ; de 1825, où il atteint un maximum de 504 millions à 1830, où il n'est plus que de 327 millions, il subit une baisse de 35 % 78 .
Quant à l'investissement brut, il passe de 808 millions à 897 entre 1820 et 1830, chiffres qui correspondent à un taux d'investissement de 9,7 %, traduisant un effort d'investissement assez faible en fait.
Lorsque les saint-simoniens développent leurs analyses au cours des années 1820, ils sont confrontés à une période de stagnation économique qui choque leurs convictions industrielles. Ils admettent difficilement que le développement industriel, un phénomène naturel et inéluctable à leurs yeux, tarde tant à se produire, et que les conditions de vie des classes populaires se dégradent aussi gravement. Ils en recherchent les causes dans l'organisation de la société et dans le fonctionnement des institutions et ils expriment leurs critiques avec d'autant plus de virulence que 1831, l'année où leur propagande est la plus active avec la diffusion du Globe est particulièrement sombre puisque la production industrielle chute de 3,0 % et l'investissement net de 8,0 % 79 .
Les fluctuations marquées de l'investissement dénotent le caractère cyclique déjà accentué de l'économie française.
D'après les estimations de M. Levy-Leboyer et F. Bourguignon, la production industrielle passe de 3417 millions de francs en 1830 à 3315 millions en 1831 et l'investissement net de 327 millions à 301 millions, son niveau le plus bas depuis 1820.