V - Choix de la période 1825-1832.

La période de sept ans qui va de 1825 au début de 1832 est sans doute la plus intéressante pour l'histoire du saint-simonisme : c’est la seule pendant laquelle le groupe se manifeste comme un courant soudé et autonome. C’est celle aussi où les saint-simoniens font preuve de la plus grande originalité dans l’élaboration de concepts théoriques visant à la constitution d’un courant de pensée économique.

Le groupe saint-simonien a certes survécu après 1832. Il a pu se manifester à travers l’expédition d’Egypte qui devait étudier les solutions pour creuser le canal de Suez ou pour construire un barrage sur le Nil, mais cette tentative visionnaire a échoué et elle sombré dans le mysticisme. Il a cherché à se reconstituer pendant la Seconde République mais les anciens apôtres de l’Eglise saint-simonienne n’ont pu se mettre d’accord et leur action est restée assez discrète. D’anciens disciples de Saint-Simon encore ont voulu appliquer leurs principes financiers sous le Second Empire et ils sont intervenues dans les domaines des chemins de fer ou de la banque, mais ces interventions sont restées le fait de quelques individualités qui n’ont pas toujours échappé du reste à la tentation de l’affairisme.

Les saint-simoniens ont été très actifs dans les années qui ont suivi la mort de Saint-Simon. Ils ont occupé le devant de la scène dans les domaines politiques, financiers, culturels, etc. Mais à la fin de 1831 et au début de 1832, après la période de propagande la plus effrénée, ils doivent faire face à de sérieux revers et ils subissent de graves échecs. Leurs difficultés sont de plusieurs ordres.