1 - Perte d'audience du Le Globe au début de l'année 1832.

Pendant plus d'un an les disciples s'épuisent à la rédaction quotidienne du Globe. Pourtant les lecteurs sont de plus en plus rares et la propagande de ce fait n'est pas très efficace. Toujours fidèles à leur volontarisme, les saint-simoniens se lancent dans une fuite en avant : puisque le public n'achète pas Le Globe, il suffit d'augmenter son tirage et de le distribuer gratuitement, ce qui est fait à partir du 5 septembre 1831.

La situation financière, évidemment, ne s’améliore pas. Pour tout compliquer O. Rodrigues chargé de restaurer les comptes, lance un grand "emprunt saint-simonien" 141 , et quitte le groupe immédiatement après, à la suite d'un différent avec Enfantin sur la question de la place des femmes dans l'Eglise saint-simonienne. Comme il s’était engagé personnellement envers les souscripteurs, il s’ensuit un véritable imbroglio financier dans lequel il est difficile de dénouer la part des responsabilités respectives.

La situation est désespérée : les finances du Globe sont catastrophiques 142 et les disciples sont interdits de prédications depuis que la police, le 22 janvier 1832, a fermé la salle que la famille possède rue Taitbout en y apposant des scellés 143 . Ils sont privés de parole : ils n’ont plus le droit de se réunir en public ; leur journal est en faillite et il cesse de paraître le 20 avril 1832.

Notes
141.

Sur les modalités de cet emprunt, on peut se reporter à S. Charlety, op. cit., p. 152-153.

142.

S. Charlety estime que la recette des ventes couvrait à peu prés le tiers des dépenses : une telle situation financière ne peut durer longtemps en général. "En novembre 1830, écrit-il, [Le Globe] avait environ 1300 abonnés ; il en fallait à peu prés 2500 pour couvrir les frais, et il en perdait tous les jours ; le chiffre tomba à 500 quand le titre saint-simonien ont été adopté (cf. journal de la religion saint-simonienne) ; on tirait pourtant à 2500. Dés le 4 septembre 1831, le journal fut distribué gratuitement à ceux qui en faisaient la demande motivée. En janvier 1832, il tirait à 4200"(S. Charlety, op. cit., p. 159).

143.

Sous le prétexte que les réunions de plus de 20 personnes sont alors interdites par l’article 291 du code pénal.