Dans la conception saint-simonienne des finances publiques, l'emprunt permet d'échapper aux multiples inconvénients liés à la perception de l'impôt : le prélèvement de l'impôt peut se révéler une opération pleine d'aléas ; à l'inverse, "la souscription d'un emprunt établit la moins gênante répartition des tâches de surveillance" 316 . C'est en outre pour un gouvernement un exercice très périlleux d'avoir à "établir l'assiette de l'impôt" 317 pour faire payer "chacun [...] en raison de ses facultés" 318 et l'emprunt, précisément, permet de l'éviter.
Conformément aux principes qu'il affiche, Enfantin remet en question la séparation habituellement établie entre l'impôt qui doit supporter les dépenses ordinaires, comme s'il était le moyen de financement de référence, normal et naturel, et l'emprunt qui doit faire face aux dépenses extraordinaires, imprévisibles et anormales. Une telle ligne de démarcation ne se fonde, à ses yeux, sur aucune logique économique solide ; elle relève seulement, estime-t-il, d'un artifice comptable légitimé par une tradition rétrograde.
Comme une tellespécialisation lui semble très contestable, il propose d'élargir le plus possible le domaine d'intervention de l'emprunt, de lui conférer la mission la plus large en matière de financement des dépenses publiques et de réaliser progressivement la substitution de l'emprunt à l'impôt. "Pourquoi donc, se demande Enfantin, si l'on emprunte pour les dépenses extraordinaires, n'emprunte-t-on pas pour les dépenses ordinaires ?" 320 .
Idem, p. 231.
Ibid.
Ibid.
Ibid.