SECTION I - LES CONTOURS DU CIRCUIT SAINT-SIMONIEN.

Dans un article du Producteur, Enfantin veut dégager l'importance du concept de circulation et mettre en évidence l'enjeu du débat théorique qui s'y rapporte. Pour montrer sa portée universelle et expliquer les principes généraux qu'il contient, il estime nécessaire d'aller au-delà des apparences auxquelles s'arrêtent la plupart des économistes contemporains, et"de voir comment les choses se passent" 352 réellement. Il se moque dans cet article de ces économistes pour le caractère superficiel de leurs analyses.

Le point de vue exprimé ici par Enfantin est bien représentatif du courant saint-simonien qui refuse une telle conception atemporelle de l'économie : il affirme au contraire que l'étude de la circulation doit entraîner la découverte des lois historiques du développement de l'humanité et que la connaissance de ces lois permettra l'avènement d'une société des travailleurs fondée sur les principes de l'industrie et sur les valeurs du travail.

A la conception classique d'une représentation de l'économie en termes de marché, les saint-simoniens opposent une représentation en termes de circuit. Nous étudierons d'abord les critiques qu'ils adressent au marché des économistes classiques ou de Jean-Baptiste Say avant de montrer la théorie du circuit qu'ils tentent d'élaborer (§ 1) : ce faisant, ils s'inscrivent bien dans la tradition économique française du XVIIIe siècle, mais ils la dépassent en intégrant dans leurs analyses des apports plus récents qu'ils se targuent d'avoir bien assimilés (§ 2).

Notes
352.

P. Enfantin, "De la circulation", Le Producteur, t. IV, n° 1, p. 38.