Un débat économique central, au XVIIIe siècle, a opposé les partisans de la liberté du commerce à ceux de la balance du commerce, que nous appelons aujourd'hui les mercantilistes.
Suivant l'image qu'ils ont eux-mêmes du mouvement des idées, les saint-simoniens adressent des louanges aux partisans de la liberté des échanges pour avoir démontré le caractère rétrograde de certains arguments mercantilistes et pour avoir permis, de ce fait, à la science économique de progresser.
C'est une certitude bien assurée pour les saint-simoniens qu'aucun obstacle institutionnel ne doit s'opposer à la circulation. Le rôle des institutions, comme cela apparaîtra dans l'analogie que Decourdemanche établira entre le corps social et le corps humain est de faciliter le plus possible cette circulation des richesses 355 .
La mise en évidence des avantages de la libre circulation des marchandises, des hommes et des idées fait partie de ces étapes décisives sur lesquelles se fonde le progrès continu de la connaissance économique et il faut se sentir redevables, estiment-ils à l'égard des auteurs de ces découvertes.
Ils rejoignent ainsi les auteurs libéraux dans la dénonciation des rentes de situation qui provenaient alors des atteintes à la liberté du commerce 356 . Cependant, ils vont bien au-delà des partisans du laissez faire pour qui la libre circulation des marchandises est une condition nécessaire et suffisante à la réalisation harmonieuse des activités économiques et des relations sociales.
Voir infra p. 143 et p. 180 n. 4.
C'est le cas, par exemple, des propriétaires fonciers des Bouches du Rhône qui bénéficient d'un prix du grain très élevé à cause des taxes sur les importations de blé en provenance d'Ukraine.