b - La liberté du commerce est garante d'une circulation intense.

Il ne suffit pas, pensent-ils, de définir la circulation de façon restrictive, comme la seule absence de contrainte. Elle est bien plus que cela, elle est le principe constitutif de l'activité productive sur lequel se fonde l'ensemble des relations sociales : le gouvernement ne peut se satisfaire de laisser circuler librement les marchandises ; il doit aussi participer activement à cette circulation pour accroître la production et améliorer le bien-être.

Du reste, ce ne sont pas seulement les marchandises qu'il s'agit d'échanger. Il faut faire entrer dans la sphère de l'échange les biens jusqu'alors immobilisés, pour intégrer au processus de la circulation les biens de production, et toute forme de capital, de la même manière que les biens de consommation.

Comme le capital alors est facilement mobilisable, il constitue une ressource à laquelle les travailleurs, qui doivent disposer d'un capital important pour exercer leur activité, peuvent accéder aisément. Cette circulation peut ainsi donner lieu à une répartition de la richesse plus équitable puisque le capital emblématique de la propriété héréditaire, le capital immobilier et foncier, converti en capital monétaire, peut changer de main et se retrouver à la disposition des travailleurs. Mais au-delà même de ce transfert qui favorise l'équité de la répartition, la circulation intense du capital bénéficie à tous, même à ses propriétaires actuels : le capital donnant lieu à de nombreux échanges, son prix va augmenter et il peut être très profitable de le mettre en vente. Comme les propriétaires peuvent tirer profit de sa mobilisation, ils opposeront une résistance moindre à une nouvelle distribution de la propriété et par conséquent au changement social lui-même. On retrouve ici le pacifisme des saint-simoniens qui, pour éviter autant que possible les occasions de conflits entraînant toujours une déperdition d'énergie, essaient d'imaginer des solutions acceptables pour tous.