C - Volontarisme des saint-simoniens contre libéralisme de J.-B. Say : deux explications opposées de la relation entre taux d'intérêt et circulation.

a - Inefficacité du marché pour faire baisser le taux d'intérêt, d'après les saint-simoniens.

Pour I. Péreire, l'analyse de J.-B. Say est paradoxale : il peut seulement expliquer une hausse occasionnelle du taux d'intérêt, et surtout pas sa baisse séculaire constatée par tous depuis le Moyen Âge. L'offre de capitaux ne peut précéder la demande de capitaux puisqu'il est totalement impossible d'offrir un bien avant de l'avoir produit. Or, le capital est une richesse accumulée, forcément produite, en tant que telle, lors d'un cycle de production antérieur : avec le processus du développement économique, seule la demande de capital additionnel ne correspond pas à une offre préalable de biens de production ; conformément à cette logique de marché à laquelle se réfèrent systématiquement les libéraux, il est impossible d'expliquer la baisse tendancielle du taux d'intérêt.

L'analyse de J.-B. Say, de ce point de vue, n'est pas pertinente : cet auteur se rattache au courant industrialiste et, en tant que tel, il est favorable à la baisse du taux d'intérêt. Il veut en expliquer les raisons, et dans la logique théorique qu'il adopte, il peut seulement rendre compte de sa hausse.

La raison en est pour Isaac Péreire que son analyse repose sur des fondements erronés et qu'elle est viciée à la base. Seul le travail crée de la richesse : il s'agit là, pour les saint-simoniens, d'une certitude absolue.