C - La destinée posthume de l'œuvre de Law.

a - Après l'échec de Law, l'hostilité envers son système va croissant avec le temps.

La faillite du Système de Law, en 1720, est à l'origine d'un traumatisme très profond et très durable dans la population française. Loin de s'estomper avec le temps, celui-ci ne fait que s'accroître et le rejet de son expérience culmine à l'époque classique, au début du XIXe siècle. Les critiques envers son projet de banque de Law, encore assez modérées ou parfois même bienveillantes peu après son échec, sont devenues de plus en plus acerbes, au point de se transformer en une haine féroce et irraisonnée un siècle plus tard.

L'œuvre de Law, si l'on en croit P. Harsin, est donc perçue de manière assez positive dans la période suivant immédiatement son échec. Les critiques deviennent beaucoup plus virulentes à son encontre avec les économistes libéraux, les physiocrates en premier lieu, qui ne lui pardonnent pas son interventionnisme. Ces critiques deviennent exacerbées et atteignent leur paroxysme lorsque les économistes classiques anglais, libéraux eux-aussi et partisans d'une monnaie marchandise, font prévaloir leurs analyses, car en plus de son interventionnisme, ils lui reprochent ses manipulations monétaires.

Ainsi, au début du XIXe siècle, l'hostilité envers Law des économistes libéraux, qui imposent leurs vues à la communauté des économistes, est si forte qu'il est impossible pour quiconque à l'époque classique, d'esquisser la moindre défense de son expérience sans être soupçonné de faire l'apologie de la délinquance financière.