B - Une même conception du rôle dévolu à la banque

Law, aussi bien que les saint-simoniennes, compte beaucoup sur l'utilisation d'une monnaie de papier pour faire sauter le verrou d'une économie rentière et pour développer la production des richesses. Comme eux plus tard, il préfère la monnaie de papier car son émission dépend de la volonté humaine et non des ressources naturelles avec la découverte aléatoire de nouvelles mines.

Les saint-simoniens par conséquent ne peuvent qu'être admiratifs devant le volontarisme de Law : de ce point de vue, ils reconnaissent parfaitement en cet auteur un de leurs précurseurs privilégiés et ce n'est qu'à regret, comme nous l'avons vu avec l'étude de O. Rodrigues relative à Law, qu'ils acceptent de le critiquer pour le seul motif que cette critique de Law est alors un examen de passage indispensable si on veut être digne de crédibilité aux yeux du public en général, et du monde de la finance en particulier 498 .

Pour Law, il est possible de gérer la quantité de monnaie pour favoriser la transition vers une économie de production et les banquiers jouent un rôle très important dans ce processus : ils sont responsables de cette gestion de la monnaie à travers le contrôle du crédit. C'est exactement ce qui sera plus tard la conception des saint-simoniens.

Notes
498.

Rappelons à cet égard qu'il pouvait même passer pour indécent de chercher seulement à défendre le système de Law. C. Rist exprime cette attitude de rejet lorsqu'il écrit : "Personne à l'étranger ne cherche à défendre son système" (op. cit., p. 21) ou encore lorsqu'il cite A. Smith : "Il [Smith] appelle le Système 'le projet le plus extravagant de banque et de spéculation que le monde peut-être ait jamais vu' " (loc. cit.).