Afin de persuader le Régent des avantages que le royaume pouvait retirer de l'institution d'une banque centrale, Law lui a adressé plusieurs Mémoires sur la banque générale 499 . Il y fait l'apologie du rôle de la banque dans un style et avec des arguments qui préfigurent très nettement la propagande saint-simonienne sur une question capitale pour eux.
Le système de Law, dans son essence même, consiste à réunir sous une direction commune toutes les institutions financières particulières afin de multiplier leur efficacité et leur utilité collectives. L'existence d'une organisation bancaire doit procurer à un Etat des avantages incomparables : en facilitant la circulation, elle permet d'accroître la production effective ; en réduisant l'incertitude, elle prévient les fluctuations brutales de l'activité grâce à la prévision améliorée des crises.
Pour Law, "toute banque peut-être définie comme il suit : c'est un dépost public fondé sur l'avantage et sur la commodité du souverain et des sujets pour multiplier les biens fictifs par des biens réels en prévenant les monopoles, les usures et les besoins imprévus" 501 .
Un siècle plus tard, les saint-simoniens présenteront les avantages de la banque de la même manière exactement, et ils lui assigneront les mêmes objectifs, que nous avons souvent eu l'occasion de voir. Pour eux comme pour Law, la banque est l'institution essentielle de l'organisation industrielle : elle doit même assurer l'avènement des principes enseignés par Saint-Simon.
La Banque, par conséquent, est l'institution principale du système industriel et le banquier enest le personnage central. : de nombreux articles font l'apologie des banquiers et les présentent comme les premiers des industriels car leur situation leur confère le pouvoir, comme le devoir de distribuer les instrumens de travail aux producteurs.
Voir P. Harsin, Etude critique sur la bibliographie des œuvres de Law (avec des mémoires inédits), Edouard Champion, 1928. Lire en particulier les Annexes IV, V, VI, VII.
J. Law, Mémoire sur la banque générale en faveur de sa transformation en banque royale (11 novembre 1717), cité par P. Harsin, op. cit., p. 86.