c - Le système de Law, avant même les saint-simoniens, veut réduire le pouvoir économique des rentiers.

Law se réfère au concept de vitesse de circulation de la monnaie pour expliquer la situation de crise traversée par l'économie française au début du XVIIIe siècle. La production nationale est contrainte par la pénurie de métal : "la valeur […] des biens réels […] surpasse infiniment la valeur de l'argent" 534 . Pour surmonter cette contrainte monétaire, l'argent doit circuler plus rapidement : il doit être "dans un grand mouvement" 535 pour permettre l'échange des "biens réels" 536 .

L'institution de la banque dans le projet de Law, offre la possibilité précisément de faire sauter le verrou monétaire en accroissant la vitesse de circulation de l'argent. C'est pourquoi elle est si utile et si bénéfique pour un Etat.

La monnaie de papier émise par les banques est, dans cette optique, de "l'argent fictif" qui n'a aucune existence matérielle. La quantité de métal ne changeant pas, il n'y a pas de raison qu'il se produise une dépréciation du métal et donc une hausse du prix des marchandises.

Nous retrouvons bien l'idée que la monnaie est active et qu'il n'existe pas de dichotomie réel- monétaire : la création de monnaie de papier a des conséquences réelles sur le niveau de la production. La production de biens réels augmente, et par conséquent, augmente le pouvoir des producteurs pendant que celui des rentiers diminue. C'est la même logique qui sera mise en œuvre par les saint-simoniens.

Notes
534.

Ibid.

535.

Ibid.

536.

Ibid.