La consommation productive des travailleurs s'oppose ainsi à la consommation improductive des oisifs : alors que la seconde oriente l'activité vers des préoccupations rentières, la première induit des effets d'entraînement sur le niveau de la production.
Il s'agit bien ici d'une analyse "pré-keynésienne" : une augmentation des bas revenus entraîne une augmentation de la propension à consommer qui se traduit par un multiplicateur d'investissement élevé. La réalisation d'un tel enchaînement permettrait d'éviter, dans l'optique des saint-simoniens, le retour périodique des crises de sous consommation, ou, du moins, d'atténuer leur gravité.
Une répartition égalitaire des revenus doit exercer un effet d'entraînement sur l'activité économique et elle doit aussi exercer un effet régulateur sur le niveau de cette activité : "Il est possible de concevoir […] qu'il y aurait au moins tout autant d'activité dans la production si, grâce à une plus équitable répartition des produits du travail, les travailleurs, ceux surtout des classes inférieures étaient appelés à consommer ce que de riches oisifs gaspillent" 592 .
Par conséquent, la production ne peut suivre le chemin d'une croissance régulière qu'au prix d'une redistribution radicale des revenus en faveur des travailleurs, car ainsi la large base constituée par la consommation populaire permettra d'enclencher un effet d'entraînement sur le volume de la production
"M. Dupin, sur les vices des riches", Le Globe, 23 septembre 1831.