SECTION II - LE TAUX D'INTERET EST AU CŒUR DU DEROULEMENT DES CRISES.

Dans l'analyse sociologique des saint-simoniens, le taux d'intérêt constitue une barrière infranchissable entre les travailleurs qui versent un intérêt pour travailler afin de pouvoir vivre et les oisifs qui le reçoivent afin de pouvoir vivre sans travailler.

Le système capitaliste s'organise autour du prélèvement de ce taux et son fonctionnement repose très largement sur lui. Il constitue l'élément explicatif qui permet de comprendre la nature de la répartition, le principe de la circulation ou encore le déroulement des cycles.

Il est en effet la principale cause de l'instabilité du système capitaliste dans la mesure où il encourage la thésaurisation et la spéculation qui nuisent gravement à la régularité de l'activité productive. Et, circonstance aggravante, la Banque de France qui, par sa situation institutionnelle, pourrait être le seul acteur disposant d'une marge de manœuvre suffisante pour faire contrepoids à l'influence de ce taux ne manifeste aucune volonté dans ce sens du fait que ses propriétaires trouvent plus confortable de prendre le parti des intérêts rentiers : elle subit par conséquent, elle aussi les contrecoups des fluctuations cycliques imposées par le taux d'intérêt à l'ensemble de l'économie (§1).

Le taux d'intérêt provoque l'instabilité permanente du système capitaliste et celle-ci se manifeste sous la forme d'une déflation sans fin. Il exerce une double pression déflationniste en effet. Il est en premier lieu responsable d'une hausse des coûts de production et à travers cette contrainte qu'il fait subir aux producteurs, il limite leurs capacités productives. En second lieu il déprime la demande globale : il réduit directement la demande d'investissement de la part des industriels en augmentant son coût ; il réduit indirectement la demande de consommation à cause de la ponction qu'il exerce sur les salaires des travailleurs (§2).