En 1826 déjà, dans Le Producteur, Enfantin avait mis en évidence les dysfonctionnements financiers qui découlaient d'une structure incohérente des taux d'intérêt, et que plus tard, Isaac Péreire dénonça aussi dans ses Leçons sur l'Industrie publiées dans Le Globe. Il expliquait comment, de manière générale, des taux d'intérêt élevés stipulés par des établissements financiers, pouvaient décourager la pratique de l'escompte si indispensable au refinancement des industriels et limiter la circulation des billets qui en découlait, si favorable, elle, à la marche régulière des affaires : "Il est évident que si un capitaliste trouve le moyen de placer, chez un banquier de premier crédit, des capitaux à 4 pour cent, il préférera l'engagement de ce banquier à des billets de banque portant intérêt à 2 pour cent" 627 .
Les banques de crédit sont soumises à une forte pression de la part des industriels dont elles doivent assumer les risques de faillite, et surtout parmi elles, les banques de premier crédit qui accordent des prêts à des entreprise encore mal assurées.
C'est pourquoi elles demandent un taux d'intérêt plus élevé en contrepartie des crédits qu'elles accordent. Or les capitalistes, propriétaires des fonds susceptibles de se transformer en avancesà l'industrie, voient dans cette situation une opportunité de réaliser des placements bien rémunérés et ils tirent parti de ces relations financières fondées sur le risque qui entretient des taux d'intérêt élevés.
Enfantin est persuadé en effet que des taux d'intérêt élevés exacerbent l'activité des spéculateurs attirés par les opportunités de profit à court terme qu'ils offrent. Des taux d'intérêt bas au contraire sont une nécessité pour assurer la régularité de l'activité industrielle et les banques prêtant à de tels taux exercent une action très positive.
Or, c'est un reproche continuellement adressé par les saint-simoniens à la Banque de France de fuir le risque pour elle-même et de s'en accommoder lorsqu'il atteint les industriels, au point de l'intégrer comme une variable ordinaire dans sa conception de l'économie, et même d'en tirer même parti en vue d'augmenter ses profits, alors qu'elle devrait au contraire chercher par tous les moyens à l'éliminer des relations industrielles : la Banque de France, par son attitude, se place du côté des spéculateurs contre les producteurs.
Enfantin, "Des banques d'escompte", Le Producteur, t. II, n° 16, p. 114.