§2 - Taux d'intérêt et cercle vicieux déflationniste.

Dans l'analyse critique des saint-simoniens, il existe une relation de causalité immédiate entre le taux d'intérêt et le phénomène déflationniste : plus le taux d'intérêt est élevé, plus les tendances déflationnistes sont marquées dans l'économie.

La crise industrielle est en effet à leurs yeux une crise de débouchés dont le taux d'intérêt est le premier responsable. Le prélèvement d'un intérêt sur les prêts en monnaie est responsable, à plusieurs titres, des graves dérèglements dans le fonctionnement du système.

En premier lieu les entreprises industrielles supportent avec le taux d'intérêt un prélèvement très lourd qui renchérit très dangereusement leurs coûts de production.

Mais aussi en second lieu, et c'est sans doute le plus intéressant, on voit se dessiner dans l'analyse saint-simonienne du cycle les contours d'une demande effective dont la faiblesse joue un rôle majeur dans le déclenchement de la crise. Et il apparaît alors que le taux d'intérêt est encore responsable de deux manières de ce bas niveau de la demande effective : il décourage la demande d'investissement des industriels qui s'épuisent financièrement à payer un loyer de l'argent ruineux, alors même que cette demande d'instrumens de travail revêt une importance primordiale ; il déprime également la demande de consommation car le taux d'intérêt trop élevé se répercute sur les salaires et il est cause de leur baisse.