A - Prélèvements rentiers et coûts de production.

Un taux d'intérêt élevé renchérit les coûts de production : les entreprises ne sont alors plus compétitives. D'autant plus que ce taux d'intérêt se surajoute à d'autres formes de loyers que les travailleurs sont obligés d'acquitter.

a - Le taux d'intérêt augmente les coûts de production.

Dans les conditions ordinaires du fonctionnement de l'économie capitaliste, le taux d'intérêt est une source de difficultés pour les industriels qui dirigent une entreprise : dans la mesure en effet où il renchérit le prix de leurs produits, il complique leur tâche pour leur trouver des débouchés. En temps normal, par conséquent, il existe une relation de causalité entre le taux d'intérêt et les tendances déflationnistes de l'économie.

Et pour les saint-simoniens, cette relation de causalité devient encore plus sensible et apparente lorsque sur le marché d'un même bien les fabricants supportent des taux d'intérêt différents. Les conditions de la concurrence sont alors faussées et les industriels qui supportent les taux les plus lourds sont dans l'impossibilité totale de vendre leur production. Dans ces conditions, le niveau excessif du taux d'intérêt est à l'origine du déclenchement de la crise qui atteint le groupe des industriels les plus désavantagés.

Les saint-simoniens voient dans le marasme qui frappe très durement les entreprises du secteur textile à Lyon, à la fin de l'année 1831, la confirmation de leur analyse qui rend le taux d'intérêt responsable de la crise cyclique : ces industriels français supportent un taux d'intérêt plus élevé que les étrangers et ils ne peuvent faire face à la concurrence que leur impose le système marchand.

Ainsi le taux d'intérêt est le premier responsable des événements tragiques de Lyon parce qu'il a directement renchéri le coût du capital emprunté par les industriels dont la situation était déjà très fragile pendant cette période de surproduction.

Pour les saint-simoniens, le taux d'intérêt pèse directement sur les coûts de production et cette taxation est alors d'autant plus grave qu'en période de crise, alors que les débouchés sont limités et que la concurrence est exacerbée entre les fabricants des différents pays, les entreprises des autres pays disposent d'avantages concurrentiels sur les producteurs français qui doivent s'acquitter d'un intérêt plus lourd, à cause de capitalistes plus avides, d'une législation plus rétrograde ou encore d'une organisation de la banque retardataire.

Mais le taux d'intérêt prélevé par les banques lors des opérations d'escompte ou des attributions de crédit pour rétribuer les capitalistes financiers n'est pas le seul responsable du renchérissement de la production. On trouve aussi en accusation, dans la presse saint-simonienne de cette période, toutes les autres formes de loyers qui constituent un revenu pour les couches oisives de la population.