b - La rente du sol pèse indirectement sur les coûts de production.

b1 - Une référence à la théorie du salaire naturel.

Ce n'est pas seulement à cause du taux d'intérêt, d'après les saint-simoniens, que les produits fabriqués à Lyon sont trop chers, mais plus généralement à cause de tous les loyers versés aux oisifs. Dans leur représentation de la crise économique, c'est l'ensemble des prélèvements sur le travail qui constitue, autour du taux d'intérêt, une nébuleuse rentière alourdissant les coûts de production et entravant l'activité des industriels.

Outre le niveau trop élevé du taux d'intérêt, les saint-simoniens avancent, pour expliquer les événements de Lyon l'existence de taxes sur les importations de blé, plus lourdes en France que dans les pays voisins, à cause du pouvoir politique exorbitant que les propriétaires fonciers ont recouvré avec le régime de la Restauration.

Ces taxes sur les importations de blé sont beaucoup plus élevées qu'en Suisse en particulier, disent-ils. Dans ces conditions de concurrence faussée, la proximité de ce pays constitue pour les fabricants lyonnais un handicap difficile à surmonter : "La fabrication est à meilleur compte en Suisse parce que les subsistances, exemptes en partie des taxes dont l'oisiveté les a chargées en France y sont à plus bas prix" 636 .

Notes
636.

"Manifestation du parti des travailleurs. Les ouvriers de Lyon.", Le Globe, 31 octobre 1831. La Suisse n'avait pas instauré de taxes prohibitives sur les importations de céréales comme la France qui l'avait fait d'après les saint-simoniens, pour protéger le revenu des rentiers du sol. De ce fait les salaires pouvaient être plus faibles et les coûts de production plus bas, comme l'affirme l'article du Globe. Sur l'histoire de la Suisse, on peut consulter Jean-François Bergier, Histoire économique de la Suisse, Payot, Lausanne, 1984.