a - Le taux d'intérêt déprime la demande d'investissement.

a1 - Le taux d'intérêt est trop élevé pour financer l'investissement.

Pour les saint-simoniens, un taux d'intérêt élevé déprime la demande d'investissement des industriels alors que celle-ci revêt une importance capitale dans la demande globale.

En temps ordinaire déjà, le prélèvement d'un taux d'intérêt, parce qu'il réduit la circulation et restreint les débouchés, maintient l'économie dans une situation de sous emploi.

Mais lorsque ce prélèvement rentier s'accroît et qu'il pèse encore plus lourdement sur les industriels, les sommes que ces derniers payent aux oisifs au titre de l'intérêt, empêche de nombreux industriels de réaliser leurs projets d'équipement et elles les dissuade d'entreprendre une quelconque activité productive. Ainsi plus le taux d'intérêt augmente, plus le prélèvement rentier s'accroît et plus les tendances déflationnistes sont marquées.

Pour les saint-simoniens, l'origine des crises cycliques réside, principalement, dans l'obstacle que représente un taux d'escompte trop élevé. La Banque de France porte sur ce point une très lourde responsabilité : elle exerce un contrôle très strict sur l'émission en maintenant un taux d'escompte au niveau élevé de 4 % ; elle adopte en outre un comportement très malthusien en exigeant trois signatures pour garantir un prêt.

La Haute banque, c'est à dire les premières banques de Paris, qui à cause du taux de réescompte trop élevé de la Banque de France éprouve des difficultés de refinancement réserve ses capitaux pour les affaires les plus importantes. Les industriels de dimension plus modeste, qui ne peuvent recourir à la Banque de France ou à la Haute Banque sont contraints de s'adresser à de petits intermédiaires financiers, à la gestion assez hasardeuse et souvent dénués de scrupules, qui exigent des taux d'intérêt anormalement élevés.

Les premières victimes sont les entreprises les plus fragiles : on voit bien se dessiner dans l'analyse saint-simonienne le processus de concentration industrielle se renforçant à chaque crise que Marx décrira précisément par la suite. Mais à la différence de ce dernier, ils pensent que le taux d'intérêt est le premier responsable de ce processus.