Que les loyers acquittés par les travailleurs consistent en fermages, baux commerciaux ou taux d'intérêt, leur niveau est très élevé et il ne baisse pas lorsque survient une crise. "Ils [sont] placés devant cette alternative, ou de ne rien faire ou de travailler dans des lieux loués à un prix excessif, à un prix tel qu'ils savent souvent d'avance qu'il leur sera impossible de faire honneur à leurs engagements" 649 .
Les travailleurs qui prennent courageusement le parti d'affronter la crise ne peuvent faire autrement que s'endetter auprès des rentiers, propriétaires fonciers le plus souvent, pour honorer leurs engagements. En temps ordinaire, ils doivent payer différents loyers pour avoir accès au capital technique, les instrumens de travail dont parlent si souvent les saint-simoniens : loyers agricoles, baux commerciaux, taux d'intérêt sur les emprunts à long terme destinés à l'achat de machines. En période de crise s'ajoutent à tous ces loyers le remboursement des emprunts contractés pour faire face à l'immédiateté des échéances. Les industriels sont en très grande difficulté et ils n'ont aucune réserve pour alimenter le fonds de roulement de leur entreprise : toute leur activité s'effectue à crédit et ils sont encore plus dépendants du taux d'intérêt. "Cependant ils garnissent les lieux de marchandises qui leur sont livrées à crédit ; tous leurs bénéfices sont employés à payer leur propriétaire" 650 .
Ces crédits sont indispensables aux industriels pour assurer la survie de leur entreprise : ce capital financier emprunté à court terme est vital pour eux : à la contrainte ordinaire de supporter un loyer régulier ou encore un taux d'intérêt à long terme, s'ajoute celle de rembourser, avec intérêt, l'argent emprunté au jour le jour. Mais les prêts accordés aux industriels lors de ces périodes si difficiles se traduisent par une accumulation de dettes. Ils fragilisent encore plus leur entreprise et ils constituent un engrenage fatal : "le déficit amène bientôt la faillite" 651 .
L'activité industrielle des travailleurs est rythmée, pour leur malheur, par une répétition inexorable de ces crises cycliques : tels industriels qui, au prix d'un grand sacrifice sont parvenus à surmonter une de ces crises, auront seulement profité d'une courte période de répit, et ils seront confrontés quelques années plus tard à la même réalité : "Ils ont vécu pendant le temps du crédit que leur donnait leur établissement ; quelques années plus tard, ils font une nouvelle tentative qui n'a pas plus de succès" 652 .
Decourdemanche, "Septième lettre au rédacteur du Globe sur la législation dans ses rapports avec l'industrie et la propriété", Le Globe, 12 avril 1831.
Idem.
Ibid.
Ibid.