b - Le niveau relatif des loyers augmente pendant la crise.

Les industriels, disent les saint-simoniens, sont d'autant plus fragilisés dans leur lutte pour la survie économique, que lorsque leurs difficultés s'aggravent avec la crise, le prix des loyers augmente aussi en général.

Leurs conditions de travail sont déjà très précaires en temps ordinaire où ils ont beaucoup de difficultés pour affronter la concurrence tout en supportant divers prélèvements rentiers, dont le taux d'intérêt est le plus lourd. Lorsqu'une crise survient, leur situation est encore plus précaire et ces travailleurs sont réduits à la misère. Mais leur mission devient carrément impossible du fait qu'à la difficulté de trouver des débouchés encore plus restreints s'ajoute la nécessité de payer des loyers encore plus lourds : "les industriels pour s'arracher à la misère louent très cher des lieux pour exercer leur industrie" 653 .

Parmi toutes les représentations de la crise économique qui avaient cours vers 1830, celle des saint-simoniens insiste particulièrement sur ses conséquences catastrophiques pour les travailleurs : ils analysent la misère ouvrière avec une grande acuité, même si on peut leur reprocher une représentation un peu floue des contours de cette classe ouvrière. Toutefois, c'est dans la description des comportements rentiers et de la stratégie rentière que la critique sociale des saint-simoniens est la plus virulente : c'est elle sans doute qui en constitue la dimension la plus originale ; alors que les travailleurs sont atteints dans leur existence même, ils montrent comment les oisifs mettent la crise à profit pour accroître leur richesse et leur influence sociale.

Notes
653.

Ibid.