§1 - Influence déterminante du taux d’escompte.

A - Importance stratégique du taux d’escompte dans l’analyse Saint-simonienne.

a - Taux d’escompte et circulation des richesses.

Les opérations d’escompte, nécessaires pour boucler un grand nombre de transactions, semblent particulièrement importantes pour les partisans des théories du circuit au rang desquels se classent les saint-simoniens, comme nous l’avons vu.

Les difficultés rencontrées pour les travailleurs pour accéder aux instruments de travail est à leurs yeux une préoccupation constante. Pour eux qui accordent une si grande importance au financement des industriels et qui reprennent comme un leitmotiv ce projet de distribuer les instruments de travail aux travailleurs qui sont les plus capables de les utiliser 844 , la pratique de l’escompte est d’un très grand recours puisqu’elle permet de mobiliser le capital disponible et de constituer les avances nécessaires à la mise en route du processus productif : dans leur représentation monétaire du circuit, les taux d’escompte est à l’origine des flux successifs de revenu par lesquels la circulation l'emporte sur la thésaurisation.

Parmi les économistes monétaires du début du XIXe siècle, les saint-simoniens sont les détracteurs les plus acharnés des comportements thésaurisateurs des rentiers. La capacité à mobiliser le capital constitue de leur point de vue un enjeu décisif pour l’avenir de l’industrie et pour atteindre cet objectif, le taux d’escompte est l'instrument le mieux adapté : ainsi écrit Enfantin, "les banques d’escompte sont un des essais les plus remarquables qui aient été tentés pour perfectionner les moyens d’échanges, ou la circulation des produits" 845 .

Il regrette cependant "le peu d’importance de leurs actions jusqu’à présent" 846 et il pense qu’il est urgent de créer des banques de ce type pour développer les opérations d’escompte si indispensables "pour fournir au génie industriel les moyens de se développer rapidement" 847 .

Notes
844.

Dans cette optique, la monnaie est active et elle permet de gérer l’économie avec une grande souplesse : c’est ce que les keynésiens appelleront plus tard le "fine tuning". Nous retrouverons plus loin. cette question de politique conjoncturelle contracyclique déjà présente, pouvons-nous estimer, chez lez saint-simoniens.

845.

P. Enfantin, "De la circulation", Le Producteur, t. IV, n° 1, p. 46.

846.

Idem.

847.

Ibid.