La pratique de l'escompte s'est particulièrement développée en Angleterre, qui joue alors un rôle prépondérant dans le développement de l'économie mondiale. A la suite de l’abandon de la convertibilité de la livre 1797, les marchands de ce pays doivent s’habituer à l’utilisation d’une monnaie fiduciaire de substitution . Comme son usage se révèle très commode, il se généralise rapidement et le recours à la monnaie de banque devient vite pratique courante. On peut même estimer que le recours à cette monnaie fiduciaire eut des conséquences très positives sur le développement économique du Royaume-Uni. Elle a permis aux affaires de se poursuivre à peu prés normalement, malgré les difficultés de l’époque, alors qu’elles auraient périclité par manque de numéraire : cette monnaie fiduciaire, peut-on également estimer a joué un rôle d’amortisseur de crise.
D’autre part l’activité des banques qui émettaient cette forme de monnaie a été stimulée très efficacement et de ce fait le système bancaire anglais "avait atteint un stade de développement avancé" 896 dans les années 1800.
Les banques participaient alors de plus en plus activement au mécanisme de l’escompte et des comportements financiers novateurs voyaient le jour pour pallier au manque de numéraire : lettre de change et reconnaissances de dettes circulaient de plus en plus fréquemment et elles étaient endossés par des vendeurs successifs qui s’en servaient eux-même pour régler leurs propres achats ; de la même manière, lors des opérations d’escompte, les banques émettaient des billets garantis par des réserves métalliques qui se transmettaient ensuite entre les propriétaires successifs sans toutefois donner lieu au versement d’un intérêt.
C’est ainsi, nous dit Schumpeter que "le billet provenant de l’escompte d’un effet de commerce demeure la pierre angulaire de la théorie bancaire pendant toute cette période et même au delà […] pour les auteurs anglais intéressés pour les problèmes bancaire ( et encore plus pour leurs homologues européens)" 897 : au premier rang de ceux-ci, nous estimons qu’il faut compter les disciples de Saint-Simon qui insistent tant sur l’importance du taux d’escompte.
J.A. Schumpeter, op. cit., t. II, p. 423. "En 1800, précise Schumpeter, le système bancaire anglais avait atteint un stade de développement avancé". Le réseau bancaire était très dense : les banques provinciales étaient très nombreuses et leur nombre déjà élevé augmentera encore beaucoup pendant les guerres napoléoniennes : Ch. Kindleberger (op. cit., p. 113) estime qu’entre 1797 et 1809 leur nombre passe de 230 à 755 pour redescendre à 521 en 1821.
Idem. Cette réflexion sur la nature du billet de banque interfère avec la querelle qui a suivi la signature du Peel Act. Les saint-simoniens qui par certains aspects, comme nous l’avons vu, se rapprochent des partisans de la Currency School (références à Ricardo et à de stricts principes quantitativistes), reprennent par contre sur cette question les arguments des partisans de la Banking School et représentent essentiellement le billet de banque comme un effet de commerce dont le taux d’escompte est déterminant pour la circulation.