La théorie saint-simonienne prévoit un développement des instruments financiers destinés à accélérer la circulation des richesses en général et celle des instruments de travail plus particulièrement. A l'occasion de leur circulation, ces instruments financiers sont confrontés les uns aux autres.
Ces moyens de placements et de crédit sont de plus en plus largement utilisés et leurs utilisateurs comparent alors leurs diverses caractéristiques : ils mettent ainsi en relation leurs taux d’intérêt respectifs qui deviennent de ce fait largement interdépendants. En outre la proposition majeure des saint-simoniens d’émettre des billets de banque portant intérêt fournit un repère stable pour comparer les différents titre de crédit et pour estimer les différents taux d’intérêt. On peut dire que le taux d’intérêt lié aux billets de banque est le taux minimum de référence puisqu’il correspond à un placement sans risque, totalement liquide de surcroît. "Dans cette combinaison,explique Enfantin, les bénéfices de la banque se composent de la différence du produit des escomptes avec l’intérêt stipulé sur les billets de 100 francs et au dessus" 904 .
Dans le compte de profits et pertes de la banque, le taux d’escompte équivaut aux gains et le taux d’intérêt aux dépenses . Nous pouvons alors, pour traduire cette réalité, formuler l’équation : taux de profit = taux d’escompte – taux d’intérêt.
Cette structure de taux s’impose alors à toute une branche d’industrie, car si une activité n’est pas assez rémunératrice, les industriels de la branche en changeront.
Il serait plus simple aujourd'hui de parler de "taux de profit", mais une telle expression ne peut exprimer cette réalité dans une terminologie saint-simonienne, les banquiers en effet sont des industriels rémunérés par un salaire, le profit étant de son côté un revenu de l’oisiveté.
P. Enfantin, "Des banques d'escompte", Le Producteur, t. II, n° 16, p. 112. Le taux d’intérêt sur les billets est d’autant plus bas qu’il est minimisé par le fait que la banque réalise des économies sur les coupures inférieurs à 100 francs qui ne portent pas intérêt dans le projet d’Enfantin : "l’abandon d’intérêt fait à la banque sur les appoints au dessous de 100 francs" est ainsi la deuxième source de bénéfices pour la banque. Cette source de bénéfices est quand même assez marginale et elle d'autant moins sensible sur les taux d’intérêt des billets qu'il est toujours possible d’échanger des petites coupures en billets de 100 francs.