b - Un taux d'intérêt élevé est un facteur de confiance.

b1 - Les banques doivent garder le contrôle de la liquidité par un taux d'intérêt élevé.

Il peut être très important que la banque de France fasse varier le niveau du taux d'intérêt pour adapter le rendement des sommes prêtées au risque supporté par l'investissement réel financé et ce principe doit s'appliquer en premier lieu au taux d'escompte.

Enfantin pense que "le taux d'escompte doit être variable, [il] trouve absurde qu'une banque se fasse un principe toujours d'escompter à quatre pour cent, par exemple, quel que soit le taux auquel les riches industriels contractent leurs emprunts" 993 . Il se réfère ici à la situation très fréquente où le taux d'intérêt demandé par les établissements de la Haute banque aux industriels de premier rang, auxquels ils accordent leurs crédits, est inférieur au taux de réescompte pratiqué par la Banque de France : certes le taux d'escompte de la Banque de France est peut-être trop élevé, mais aussi la Haute Banque gaspille le capital disponible et ne le distribue pas à très bon escient en demandant un taux d'intérêt trop faible.

La banque centrale dans ces conditions ne peut pas exercer sa fonction gouvernementale pour influencer la politique de la monnaie et du crédit. Le contrôle de la liquidité lui échappe puisque l'ensemble de l'économie peut se financer sans passer par son intermédiaire, les banques n'ayant pas nécessairement recours à elles pour se refinancer.

La structure des taux d'intérêt ne reflète pas la situation réelle de l'économie, les banques ne disposent pas de repères clairs : un décalage risque de se créer entre la sphère financière et la sphère réelle qui peut mettre en péril la stabilité du système productif. "Les banques actuelles qui ne veulent pas suivre pour le taux de l'escompte, la marche des transactions particulières" 994 commettent, dit Enfantin une grave "faute" 995 . Elles négligent les signaux que lui adresse l'activité industrielle : elles restent ainsi dans l'ignorance des problèmes qui touchent les travailleurs et elles sont déconnectées de la réalité. Dans ces conditions elles sont réduites à l'inaction et leur passivité est dramatique pour les saint-simoniens, car les banques qui ont la dimension politique nécessaire pour exercer un gouvernement éclairé de l'industrie ne servent à rien : elles laissent malheureusement les déséquilibres économiques s'aggraver.

Notes
993.

Ibid.

994.

Ibid.

995.

Ibid.