CONCLUSION GENERALE.

I - Les apports des saint-simoniens mis en lumière dans cet ouvrage.

Depuis son apparition le courant saint-simonien a suscité de nombreuses études et de nombreux travaux avec un regain d'intérêt à certaines périodes. Il a fasciné de nombreuses générations car il passe pour un courant d'idée original visant à réaliser la synthèse entre des aspirations difficiles à concilier : organisation ultra rationnelle de la société et conception philosophique de l'existence ; modernité technocratique et mysticisme religieux ; aspiration à une société idéale et représentation d'une organisation bureaucratique pointilleuse.

En outre le saint-simonisme est souvent présenté sous les couleurs d'un socialisme technocratique : la période 1825-1832 illustrant les aspirations socialistes et le second Empire la dimension technocratique. Dans cette conception dichotomique, leur participation aux affaires pendant la période du second Empire aurait eu des conséquences positives sur le développement du pays et la modernisation de ses structures économiques alors que pendant leur période missionnaire (1825-1832) leur propagande religieuse aurait une influence sensible sur l'évolution des idées et en particulier sur l'émergence du mouvement socialiste.

Les présentations les plus bienveillantes de ce courant soulignent en outre sa forte dimension morale grâce à laquelle il offrirait des alternatives pendant les périodes de crise sociale particulièrement grave pouvant mettre son avenir en danger 1020 . Ces études mettent surtout en avant les perspectives de réorganisation économique et sociale que le saint-simonisme permet d'envisager.

Mais à côté de ces principes d'organisation sociale privilégiant des mesures à long terme qui impliquent essentiellement des politiques structurelles, les saint-simoniens ont aussi participé à leur époque au débat théorique relatif à l'économie politique : c'est là un aspect moins connu de leur œuvre qui devrait leur permettre d'occuper une place plus importante dans l'histoire de l'analyse économique et de se voir attribuer un rôle plus valorisé dans le développement de la pensée économique.

Notes
1020.

C'est le cas après 1918, pour la période qui a suivi la première guerre mondiale et qui a vu l'apparition d'une abondante littérature consacrèe au saint-simonisme : avec les nombreuses publications en particulier (ouvrages et articles) de C. Bougle et E. Halevy ou encore avec la thèse de J.-B. Vergeot, Le Crédit comme stimulant et régulateur de l'industrie. La conception saint-simonienne, Paris, 1918 (cf. supra n. 1, p. 199).