2 - Les saint-simoniens sont partisans d'une analyse monétaire dont le taux d'intérêt est le concept explicatif central.

En second lieu, on connaît essentiellement, nous l'avons dit, leur stratégie de long terme et on pense qu'ils ont avant tout préconisé des solutions pour réaliser un changement en profondeur des structures économiques. L'organisation de la banque est de ce point de vue leur préoccupation essentielle : un système bancaire efficace doit permettre de créditer les travailleurs en facilitant le déplacement des richesses des capitalistes vers les industriels ; il doit aussi avant tout à favoriser la baisse du taux d'intérêt qui représente une ponction de l'oisiveté sur le travail.

Or à côté de ces préoccupations de long terme qui se fixent comme objectif l'avènement d'une société plus équitable à leurs yeux, l'association universelle des travailleurs, ils ont également accordé une grande attention à l'analyse de la conjoncture. Le taux d'intérêt de ce point de vue est le concept explicatif central qui permet de rendre compte de tous les aspects du fonctionnement du système capitaliste. Non seulement il explique les rapports structurels fondamentaux qui le régissent mais il permet aussi d'analyser les situations conjoncturelles traversées occasionnellement au cours des différentes périodes. Les saint-simoniens accordent ainsi une grande attention au cycle économique : ils expliquent la responsabilité du taux d'intérêt dans son déroulement ; ils se demandent aussi comment l'utiliser pour mener une politique contracyclique qui atténuerait les fluctuations de l'activité si préjudiciables pour les travailleurs.

On se rend compte alors en outre que les saint-simoniens ne sont pas seulement des praticiens de la banque mais qu'ils sont aussi des théoriciens de la monnaie maîtrisant le recours aux instruments macroéconomiques dans le but d'améliorer le fonctionnement conjoncturel de l'économie nationale tout en ménageant en même temps les chances d'une évolution progressive et graduelle.