Nous avons dit que la fin de la parution du Globe marquait aussi pour le groupe saint-simonien la fin d'une intense activité militante, très riche en propositions originales dans le domaine économique.
A partir de cette date la situation se dégrade très vite 1021 . Les apôtres entament une retraite à Ménilmontant le 1er juin 1832. Dès le 1er juillet un commissaire de police investit les lieux muni d'une procédure d'expulsion car le groupe est sous le coup d'accusations pour atteinte aux mœurs et pour escroquerie. Le 27 août, E. Barrault, M. Chevalier, C. Duveyrier P. Enfantin et O. Rodrigues comparaissent à un procès en assise. Le 15 décembre 1832, M. Chevalier et P. Enfantin sont emprisonnés à Sainte-Pélagie où ils passent huit mois avant d'être graciés le 23 août 1833. Peu de temps après, le 23 septembre, un groupe d'une cinquantaine de disciples, derrière Enfantin, embarquent à Marseille en direction de l'Egypte pour réaliser le grand projet du canal de Suez qui germait dans l'esprit des saint-simoniens depuis quelques années déjà 1022 . Ce départ ressemble à une fuite : on peut penser à ce moment là, que le groupe saint-simonien a définitivement cessé ses activités de propagande en France 1023 . Pendant ce temps, pourtant, une partie des disciples restés en France entretient nostalgiquement la flamme du saint-simonisme en attendant des jours meilleurs qui viendront avec la révolution de 1848.
Voir en introduction, p. 49-52, les raisons du choix de la période 1825-1832.
Pour la liste des membres qui participent à cette expédition d'Egypte, on peut se reporter à S. Charlety, op. cit., p. 232-233.
S. Charlety parle de "dissolution" de la famille, op. cit., p. 210.