Au nombre des journaux féminins d'inspiration saint-simonienne on peut encore citer La Politique des femmes publié par une société d'ouvrières, avec comme gérante Désirée Guy, aidée de plusieurs collaboratrices dont Jeanne Deroin, qui paraît du 18 juin au 5 août 1848. Après l'arrêt de sa publication, L'Opinion des femmes, dirigée par J. Deroin aidée des mêmes collaboratrices tente de prendre sa suite mais il ne parvient à paraître que deux jours, les 21 et 22 août 1848 seulement.
Après ce tour d'horizon de la presse publiée par les saint-simoniens en 1848, nous voyons que leurs idées politiques ont assez profondément évolué depuis 1830. Alors qu'en 1830 ils se présentaient comme foncièrement anti-égalitaires, leurs journaux de 1848 se réfèrent très largement à la République : soit qu'ils intègrent ce nom même dans le titre ; soit qu'ils se réfèrent à une "république démocratique et sociale" comme Le Travail affranchi ; soit qu'ils soutiennent, ainsi que Le Crédit,la candidature du général Cavaignac aux élections de décembre 1848 1056 , ce dernier titre se présentant même à partir du 18 mai 1850 comme un "journal républicain conservateur" 1057 .
Mais si les idées politiques des saint-simoniens ont évolué entre ces deux périodes, leurs idées économiques sont restées assez largement identiques. Ces journaux saint-simoniens de 1848 sont ainsi très intéressants car ils constituent une presse d'opinion, qui en matière d'analyse monétaire et d'organisation financière, reproduit largement les idées de 1830 en essayant de les adapter aux circonstances nouvelles.
Le général Cavaignac se présente à ces élections comme le porte-parole des "républicains modérés". Il est très impopulaire dans les milieux progressistes après sa répression sanglante du mouvement ouvrier lors des "journées de juin 1848". Les résultats des élections de décembre 1848 sont très décevants pour lui puisqu'il obtient seulement 19,5 % des voix et arrive très loin derrière Louis Napoléon Bonaparte qui l'emporte très largement avec 74,2 % des votants.
Mentionné par S. Charlety, op. cit., p. 297.