Les saint-simoniens sont toujours fermement hostiles au monopole d'émission de la Banque de France et O. Rodrigues semble conforté depuis 1830 dans son opposition à ce monopole qui lui semble aller de plus en plus à contre courant de l'évolution économique : il a pu rendre des services dans le passé, reconnaît-il, "à une époque où les vastes entreprises avaient besoin pour se développer, d'obtenir du pouvoir une protection contre ses propres usurpations" 1061 . Mais, en 1848 en France, il n'en est plus ainsi depuis longtemps et il est de plus en plus évident, à ses yeux, que le maintien du privilège constitue une entrave au développement de "l'esprit d'association" 1062 .
Il est aussi de plus en plus évident, estime-t-il, que la Banque de France n'honore pas son privilège et qu'elle trahit la confiance qui lui est accordée à travers lui en agissant dans l'intérêt de ses actionnaires bien plus que dans l'intérêt général. Elle se préoccupe ainsi toujours essentiellement de distribuer des dividendes élevés, si bien que "le cours des actions de la Banque de France [est monté] il y a peu de temps encore au triple du capital par l'augmentation considérable de [ces] dividendes" 1063 .
Ibid., p. 4. Pour illustrer les services qu'un monopole d'émission a pu rendre par le passé, O. Rodrigues cite l'exemple de la Banque d'Angleterre qui grâce à une situation de monopole fut en mesure de financer les "besoins publics" (loc. cit.).
Ibid.
Ibid., p. 5.