f - Correspondance avec l'école de banque en Angleterre et préfiguration d'une économie monétaire de production.

On peut supposer qu'il a suivi la controverse anglaise entre le currency principleet le banking principle aboutissant en 1844 à la signature du Bank charter Act consacrant la victoire du currency principle et qu'il a intégré les termes de cette controverse dans la représentation saint-simonienne de la monnaie. Qu'il s'agisse, en tout cas, d'un rapprochement théorique conscient ou d'une simple coïncidence provoquée par un développement historique parallèle dan les deux pays, suscitant les mêmes questions relatives à l'organisation financière, O. Rodriguesdéveloppe la même analyse que les partisans du principe de banque lorsqu'il estime qu'il n'y aucun risque que les banques d'émission émettent plus de monnaie que la circulation n'en nécessite : il faut que la monnaie émise soit "en rapport […] avec la somme des besoins que développe le progrès général des affaires" 1083 .

Avec cette analyse monétaire, O. Rodrigues envisage le fonctionnement de ce que les post-keynésiens et les théoriciens du circuit appelleront une économie monétaire de production. La monnaie de crédit est créée en fonction des avances requises par la production et elle est détruite quand la production réalisée grâce à ces avances permet de les rembourser : "une grande partie des billets de banque est directement liée à la circulation en échange des effets qui entrent dans son portefeuille et ne reviennent à la Banque que par le recouvrement de ces mêmes effets" 1084 .

Notes
1083.

Ibid., p. 20. Au sujet de cette controverse entre currency principle et banking principle, on peut consulter Ch. Rist, op. cit., p. 233-237, ou encore M. Blaug, op. cit., p. 234-238.

1084.

Ibid., p. 11.