En 1848 O. Rodrigues veut toujours s'appuyer sur une politique de l'escompte pour régler le montant des crédits. Le taux d'escompte est alors une donnée très importante qui doit permettre de lutter contre les fluctuations cycliques en s'intégrant à une politique monétaire réversible, fondée précisément sur un taux d'escompte variable. O. Rodrigues rappelle à ce sujet les principes novateurs formulés par les saint-simoniens vingt ans plus tôt, qu'il juge toujours aussi pertinents et d'actualité.
Le taux d'escompte doit être variable et il doit s'adapter à la conjoncture : quand "le crédit est facile, la Banque n'a plus que de médiocres escomptes, relativement à la masse de bon papier qui ne lui arrive pas [car] la Banque continue d'escompter à 4 % quand les premières maisons recherchent les bonnes valeurs à 3 %" 1090 . Or il est important pour "la banque centrale [d']avoir dans son portefeuille les premières signatures du pays" 1091 afin de pouvoir influencer l'orientation de la politique monétaire.
A l'inverse elle maintient ses "escomptes à ce même taux de 4 % lorsque ces mêmes escomptes trouvent facilement des emplois à 5, 6 ou 7 %" 1092 , ce qui lui vaut, "de la part du commerce, de vives récriminations contre ce qu'il appelle les faveurs de la Banque" 1093 .
La politique de la banque de France est inspirée par des principes toujours aussi erronés, pense O. Rodrigues : elle fait exactement l'inverse de ce qui est souhaitable pour une bonne gestion de l'économie nationale et il est toujours indispensable qu'elle change d'orientation. Il pense qu'il est très opportun de rappeler ces principes en 1848 car les événements, montrent de manière encore plus aiguë l'urgence d'un changement de stratégie la Banque de France.
Ibid., p. 18.
Ibid.
Ibid.
Ibid. La manière dont O. Rodrigues caractérise la conjoncture peut sembler discutable : lorsque le crédit est facile et le taux d'escompte faible, l'économie ne traverse pas nécessairement une période de prospérité. Le sens de causalité qu'il établit traduit bien en tout cas, toute l'importance qu'il accorde au taux d'intérêt qui est pour lui la cause première : quand le taux d'intérêt est faible, les affaires sont nombreuses et il s'ensuit nécessairement une période de prospérité.