Les configurations spatiales et les structures de l’habitat

La variation de l’échelle d’analyse est le gage d’une approche dynamique. Si une vision macrospatiale est nécessaire pour identifier les différentes stratégies territoriales, elle ne dispense aucunement de l’étude du détail architectural et morphologique, qui offre également, une extrême diversité. La morphogenèse et l’évolution des formes des unités d’habitations, de fortifications rurales ou encore des aménagements des espaces agraires, posent de très nombreuses interrogations.

L’un des exemples les plus problématiques à ce propos est celui de l’agadir. Cette institution caractéristique de l’habitat rural de larges zones berbères du sud marocain, n’est connue qu’à travers des spécimens récents. Or, son ancienneté ne fait guère de doute, car malgré l’absence de vestiges d’igud r médiévaux au Maroc, on dispose de plusieurs cas andalous. L’entreprise d’études archéologiques systématiques sur le sujet permettra de préciser la chronologie et les phases d’évolution de cette forme de fortification. De même, la connaissance des raisons socio-économiques de l’apparition des variétés morphologiques des igud r, reste très approximative.

Les rôles respectifs des activités agricoles ou pastorales dans l’émergence et le développement des formes variées d’habitat fortifié sont encore méconnus. À peine pourrait-on associer la multiplication d’enclos ou d’enceintes refuges à une prépondérance de l’élevage dans les économies locales. Ce constat vaut notamment pour les sites de la région de Safi.

L’adaptation au milieu et à ses ressources a certainement conditionné les formes de l’habitat rural. Aussi bien pour les habitations et l’organisation des espaces villageois que pour les fortifications rurales, le choix de la topographie des sites et l’utilisation des matériaux locaux témoignent de l’enracinement et de l’ancrage des architectures vernaculaires dans leurs environnements immédiats. Au-delà de tout déterminisme, il est avéré que l’impact du milieu est primordial dans l’identification de critères caractéristiques de chaque tradition architecturale. La composition architecturale des espaces de l’habitat ou de l’exploitation agraire obéit d’une manière permanente aux contraintes sociales. Les formes de sociabilité et les systèmes de solidarité régissent les principes de l’organisation spatiale, depuis la gestion et l’assignation sexuée des espaces de l’unité domestique, jusqu’au modelage du parcellaire agricole, strictement lié aux régimes fonciers et aux techniques de mise en valeur du sol.