2.5. Les Sites Remarquables du Goût

2.5.1. La sélection initiale

A l’initiative du ministre de la Culture Jack Lang, 100 sites (65 sites permanents et 35 sites foires et marchés 27 ) ont été sélectionnés par un groupe de travail animé par le C.N.A.C. et réunissant des représentants des ministères de la Culture, de l’Agriculture, de l’Environnement et du Tourisme. Ils seront présentés par le ministre de la Culture (Jacques Toubon) dans sa conférence de presse du 2 juin 1994. Lorsque la demande a été faite d’en recenser 100, le C.N.A.C. pensait d’abord rencontrer profusion de sites. Or peu réunissaient les trois critères exigés, d’où la sélection – par défaut – de sites-marchés. Pour être classé S.R.G., il faut posséder :

  • « un lieu de production en activité. Il ne s’agit pas d’une approche archéologique ou muséographique. Seuls les lieux vivants ont été recensés (...) ;
  • un intérêt esthétique. Cet intérêt peut venir de la qualité de la construction, de la beauté du village ou du paysage;
  • un accueil pour les visiteurs. Il est indispensable que le visiteur ait accès au site et qu’il puisse se procurer le produits sur place. 28  »

A plusieurs occasions, B. S. rappellera aux sites que le but de ce label collectif est de répondre à un tourisme individuel ou de groupe, de plus en plus intéressé par la gastronomie. Elle soulignera qu’ils sont ainsi sur la voie porteuse d’un tourisme gastronomique. Par la suite, de nouvelles demandes sont parvenues au C.N.A.C., soit spontanément soit par l’intermédiaire des C.R.T. ou des sites proches, les dossiers étant étudiés par une commission composée de représentants du ministère de la Culture, de l’Agriculture et du Tourisme, du président et du trésorier de l’Association des sites et d’un membre du C.N.A.C.

A l’origine, on pouvait noter une volonté d’équilibre régional, mais peu à peu, la labellisation se fonde d’abord sur la qualité du site et la complémentarité avec des sites voisins. La carte des S.R.G. s’est donc transformée. Lors de la création de la première carte, datant de 1994, on comptait 106 sites (73 sites-permanents et 33 sites-marchés) alors que dans celle éditée en juin 1999, on n’en comptait plus que 95 (64 sites-permanents et 31 sites-marchés). Un site a été modifié pour un meilleur équilibre : alors qu’auparavant, seule la Glorieuse de Pont-de-Vaux était classée S.R.G., depuis décembre 1998, Montrevel, Louhans et Bourg-en-Bresse y sont intégrés, resserrant leurs liens autour du thème des ‘«’ ‘ Quatre Glorieuses ».’ Ces Glorieuses, qui ont chacune leur propre comité d’organisation font l’objet d’une promotion commune depuis la mise en place, en 1998, d’un groupe de travail composé des représentants des quatre villes et des organisateurs. Louhans, deux fois cité (pour son marché hebdomadaire et sa Glorieuse) estime pouvoir devenir permanent. Il est à noter que deux sites sont devenus permanents en juin 1999 : Billom et Saulieu, tous deux pris en exemple par B. S. comme modèles à suivre par les autre sites-marchés voire même les autres sites-permanents, pour leur dynamisme. Ces deux sites avaient en effet présenté au C.N.A.C. un dossier contenant les projets qu’ils souhaitaient mettre en place pour devenir ‘«’ ‘ permanent’ », selon les indications du C.N.A.C. qui incitait les sites-marchés à ‘«’ ‘ faire en sorte que tout visiteur qui se présente sur le site de la foire ou du marché, même en dehors des périodes actives de la foire ou du marché, puisse en découvrir l’existence et les caractéristiques. ’» 29 Pour Billom, cela a consisté à inclure dans le label deux manifestations supplémentaires : la fête de l’ail’ambic qui se déroule autour du 11 novembre depuis une dizaine d’années et un marché de Noël réservé aux S.R.G., qui a été créé en décembre 1998. Pour Saulieu, le projet était plus vaste et n’est pas encore opérationnel. Il demande la participation d’éleveurs (de charolais) qui seront sollicités pour accueillir des touristes sur leur exploitation, ce qui n’existe pas encore sur la région. Il est également envisagé d’employer une personne spécialement formée pour l’accueil S.R.G. qui serait chargée de représenter le site, d’informer et d’accompagner les touristes.

De plus, quatre sites ont vu le jour en Europe : deux en Espagne : Priego de Cordoba (où l’huile d’olive a obtenu une appellation d’origine en 1996) et Guardamar ( choisi pour sa production de piments) et deux sites en Grèce : Missolonghi (représenté par les anguilles) et Lesbos (représenté par les poissons et crustacés). Le C.N.A.C. ambitionnait la constitution de l’Europe des mille sites.

Notes
27.

cf. Annexe I.

28.

Document interne au C.N.A.C..

29.

Guide méthodologique de mise en tourisme des S.R.G., C.N.A.C., Paris, 1997, p.25.