3.2.2.1. La sélection des sites

Les observations relevées peuvent s’appliquer à d’autres fêtes, foires et marchés de France, mais seuls ceux qui ont reçu le label Site remarquable du goût ont été précisément étudiés. D’autres marchés seront évoqués, dans une démarche de comparaison toutefois, il sera essentiellement question des 30 foires et marchés S.R.G. En effet, si le label S.R.G. n’est pas en soi le sujet de l’étude, il inscrit les 30 marchés dans une même démarche et les implique dans un processus commun de valorisation du site. Il s’agira de voir dans quels contextes ce label est donné et reçu et comment ‘«’ ‘ local’ » et ‘«’ ‘ global’ » sont appréhendés. Partant de l’intérêt porté par les sites sur ce label, les fêtes, les foires et les marchés seront appréhendés, pour analyser comment ils sont engagés dans un processus de valorisation touristique à partir d’une stratégie marketing. Comme je ne peux me prévaloir de compétences dans les domaines de la communication ou des labels de marque, ce ne sont pas tant ceux-ci qui seront étudiés que la façon dont ils mettent en valeur les places marchandes. Il s’agira aussi de comprendre comment celles-ci entrent dans ces processus. Le choix de l’approche et de savoir quels enjeux recouvre la démarche de labellisation des fêtes, des foires et des marchés en observant d’une part ce qu’ils apportent au label et, d’autre part, ce que ce dernier apporte, de manière générale.

Afin de réaliser au mieux cette étude, la question du choix de ne garder que quelques sites s’est imposée. En effet, il serait impossible de vouloir traiter de trente-trois manifestations singulières, insérées dans un contexte particulier en rendant compte de toute leur complexité. Je vais donc en étudier précisément neuf que j’ai sélectionnées pour leur représentativité. Ainsi, j’ai choisi les sites en fonction de la nature de l’événement (marché professionnel, marché tout public, foire professionnelle et fête populaire), de leur fréquence (en rapport avec la nature de l’événement) et en fonction de l’intérêt que le site porte au label S.R.G. Attribué par le C.N.A.C., le label S.R.G. n’a pas été accueilli par tous les sites de la même manière et n’a pas suscité les mêmes réponses. Afin de comprendre l’appropriation locale du S.R.G., il a semblé intéressant d’opter non seulement pour des sites qui avaient choisi d’adhérer à l’association S.R.G. mais aussi pour ceux qui ne le souhaitaient pas. Je n’ai pas, non plus, privilégié les sites qui avaient des projets de mise en valeur du label S.R.G., afin de cerner les logiques et stratégies développées par chacun des sites en fonction de leurs objectifs et de leurs moyens. Je ferai remarquer que le choix des sites résulte également des réponses obtenues lors de l’enquête exploratoire – certains s’étant montrés peu empressés pour m’aider dans ma recherche. J’ai donc retenu le marché aux bovins vifs de Saint-Christophe-en-Brionnais, les marchés de Sarlat et de Louhans, les concours de Saulieu de Saint-Christophe-en-Brionnais, des Quatre Glorieuses de Bresse et les fêtes du piment d’Espelette, de l’ail à Billom, du pruneau à Saint-Aubin et de la pogne et de la raviole à Romans.

Ne connaissant alors que peu de sites-marchés, je décidai d’envoyer à tous un questionnaire écrit. Celui-ci se divisait en deux à la suite de la première question qui était : ‘«’ ‘ Adhérez-vous à l’association S.R.G. ? »’. Ce questionnaire visait à avoir une première connaissance du site à travers des questions portant sur l’événement lui-même et la place qu’y tiennent les populations locale et touristique, sur la situation de l’accueil touristique de la ville et les intérêts touristiques, sur l’intérêt que le site attribue aux S.R.G. Ce questionnaire était adressé, le plus souvent, aux offices de tourisme et aux mairies, parfois à des associations de producteurs suivant les adresses trouvées dans le livre Les Sites remarquables du goût - voyage à travers les terroirs de France, paru chez Albin Michel en 1996. La moitié des sites ont répondu plus ou moins rapidement, certains de manière très brève, d’autres y ajoutant un courrier, des dépliants touristiques ou des dossiers de presse. Certains courriers me sont revenus et j’ai appris que d’autres n’avaient pas été adressés à la personne concernée. J’ai ensuite appelé l’ensemble des sites qui n’avaient pas répondu. Dans le cas du courrier ou des appels téléphoniques, les coordonnées et les personnes à contacter avaient été relevées dans le guide des S.R.G. . Il s’est avéré que souvent la personne indiquée n’était plus en place ou que la personne citée n’était pas concernée par les S.R.G. Cette première démarche a été longue et compliquée, n’arrivant pas toujours à cerner le bon interlocuteur. Il eût été plus simple de passer directement par le C.N.A.C. pour avoir ces renseignements d’identification du site mais lui-même, à ce moment-là, n’avait pas toujours réussi à identifier les porteurs du label et des projets au niveau local. Les sites non plus ne pouvaient déterminer précisément ceux qui adhéraient ou non à l’association. Seuls étaient connus ceux qui assistaient régulièrement aux réunions. Néanmoins, je suis entrée en contact avec tous les sites-marchés, même si ce fut parfois de manière succincte.

Certaines interviews ne se sont déroulées que par téléphone, la personne ne voyant pas l’intérêt de se rencontrer, mais répondant volontiers à mes questions. C’est le cas pour le maire de Brive-la-Gaillarde et pour celui d’Espelette.