3.2.4. La comparaison avec d’autres manifestations

Durant la période de mes recherches, il me fut loisible de comparer les manifestations étudiées à d’autres fêtes, foires et marchés. D’abord parce qu’à titre personnel j’avais eu l’occasion de parcourir des marchés, en particulier celui où, adolescente, je retrouvais mes amies pour me promener. Mais aussi parce qu’il m’arrivait occasionnellement d’en fréquenter pour mes propres besoins et lors de vacances. Je n’ai pu éviter de mettre en parallèle les marchés étudiés avec ceux que je pouvais fréquenter à Lyon (en particulier ceux du quai Saint-Antoine, de Jean Macé et de Sainte-Foy l’Argentière) qui sont des marchés urbains et qui, en cela, m’apportaient des éléments pour distinguer les fêtes, les foires et les marchés que j’observais en milieu rural. Les comparaisons on été très intéressantes pour observer les récurrences et les différences. Si ces comparaisons ne seront pas évoquées dans mon étude, elles m’ont été très utiles pour dégager une histoire des marchés et saisir la spécificité de ceux qui m’intéressaient plus particulièrement. En effet, c’est souvent en confrontant un objet à un autre qu’on en saisit l’originalité.

Je n’ai parcouru aucun autre marché aux bovins vifs que celui de Saint-Christophe-en-Brionnais.

Concernant les fêtes et les foires, je me rendis vite compte de l’extrême diversité de ces manifestations annuelles. D’abord parce que le calendrier des animations de chaque ville ou région en comptait un certain nombre, ensuite parce que j’avais souvent pu en rencontrer, d’un autre genre : la fête du muguet (qui existait à Lons-le-Saunier, Jura) qui voyait le défilé de chars dont celui de la ‘«’ ‘ reine du muguet’ », les foires agricoles, où sont exposées une grande variété de marchandise parmi lesquels des produits alimentaires ou manufacturés et des outils agricoles (Montmorot dans le Jura, Saint-Martin-en-Haut dans les Monts du Lyonnais, par exemple), les foires expositions…

Je me suis également rendue sur un S.R.G. que je n’ai pas étudié de manière approfondie : la vente de vin des Hospices de Beaune. Bien qu’y étant allée dans le cadre de cette étude en y effectuant observations et rencontres, je décidai de ne pas l’étudier plus car elle n’entrait pas dans le cadre d’une étude sur les fêtes, les foires et les marchés. S’agissant d’une vente aux enchères à destination caritative, des dimensions nouvelles entraient en jeu qui auraient éloigné du sujet. En réponse à mon questionnaire, je compris que les Hospices de Beaune ne portaient aucune attention aux S.R.G..

Le salon S.R.G. ayant été comparé à un salon de voyages par les représentants des sites, je me suis rendue au salon Mahana qui a lieu chaque année à Lyon à la halle Tony Garnier afin de voir ce qu’il s’y passait. Cette visite ne fut pas vaine pour saisir les objectifs propres à chacun. Au salon Mahana, je m’arrêtai à quelques stands dont certains qui représentaient une ville ou un département dont je savais qu’il existait un ou plusieurs S.R.G. J’interrogeais les personnes en tant que touriste – j’en profitais pour trouver des idées de vacances – en questionnant sur le site, les choses à faire et à voir. Je portais une attention toute particulière à ce qui était mis en valeur sur un site. Je remarquais notamment que la gastronomie était peu évoquée et que l’on n’y parlait des fêtes que lorsque j’en faisais la remarque en feuilletant les dépliants qu’on me proposait et dont je ramenais deux sacs pleins. Les S.R.G. n’ont jamais été cités. Ce qu’on me vantait surtout, c’était les activités sportives ou culturelles, les villes ou les bâtiments d’intérêt architectural, les sites naturels classés… les hauts lieux, en somme. On me parlait aussi de nature, de repos, de calme, d’espace vert.

Enfin, j’eu l’occasion de participer à un débat qui avait pour thème les ‘«’ ‘ rôles des foires et marchés en milieu rural »’, organisé par la Grange Rouge (Chapelle-Naude, Saône-et-Loire), en octobre 2001. Ce débat a été l’occasion de rencontrer différents organisateurs de foires et marchés (élus locaux, producteurs…) qui partagèrent leur expérience originale, notamment une communauté de communes qui organise depuis peu des marchés de producteurs de Pays. A tour de rôle les communes accueillent le marché visant à faire se rencontrer producteurs et acteurs économiques et à valoriser les savoirs des 16 communes. Un représentant Corse, producteur de châtaignes évoqua comment la création de la fête de la châtaigne en 1982 permit la relance et la valorisation d’une économie, tout en favorisant la réappropriation de l’intérieur de l’île. Cette personne me fit transmettre les actes du colloque qui avait eu lieu à Corte en juin 2001 intitulé ‘«’ ‘ Rôles et impacts des foires et marchés ruraux sur les activités agricoles et artisanales de Corse’ ».

Testant à nouveau mes observations et mes analyses, ce débat fut doublement intéressant puisqu’il me permit, si besoin en était, de constater que foires et marchés n’étaient pas que du folklore ou un patrimoine éteint appartenant à un passé révolu. La vigueur des propos des élus et des producteurs me rappela au contraire combien foires et marchés avaient encore leur place dans notre société, même s’ils ont évolué et qu’ils ont su s’adapter aux besoins de chacun. Pour les petits producteurs, ou pour les groupements de producteurs qui revalorisent leur production tout en participant au développement et à la valorisation d’un territoire, les foires et marchés sont encore bien vivants et demeurent un outil efficace pour leur démarche.