1.3.3. Les distinctions retenues

Au cours de cette étude, nous proposons d’appeler ‘«’ ‘ foire’ » les manifestations centrées autour de l’échange économique et symbolique d’un produit agricole. Elles ont un caractère essentiellement professionnel, mais elles y associent un certain nombre d’animations qui permettent de concentrer les populations locales. Elles pourraient correspondre à ce que J.-M. Sorba ‘«’ ‘ foire agricole’ », en ajoutant, à la définition qu’il en donne, une ouverture à la dimension festive et au grand public. Nous appellerons ‘«’ ‘ fête’ » ou ‘«’ ‘ fête populaire’ » ce que J.-M. Sorba désigne par le terme de ‘«’ ‘ foire à thème’ ». En effet, bien que les manifestations décrites ne peuvent à proprement parler être confondues avec la définition traditionnelle de ‘«’ ‘ fête »’ qui lui assigne une dimension sacrée et rituelle, nous avons tenu à les distinguer des ‘«’ ‘ foires agricoles’ » dans la mesure où elles investissent une nouvelle forme d’échange qui tend à privilégier l’échange symbolique à l’échange économique. Foires et fêtes seront distinguées par leurs enjeux, les organismes… qui les sous-tendent. Des chercheurs comme J.-C. Garnier et F. Labouesse 59 parlent de ‘«’ ‘ fête’ » pour désigner la manifestation qui s’est organisée autour de la transhumance. Par certains traits nous nous rattachons à leur acceptation du terme.

De par leur fréquence annuelle, les manifestations ne peuvent être appelées ‘«’ ‘ marché’ ». De la même façon que pour les marchés nous avons distingué, en terme d’achat, deux catégories selon le public concerné (bien que les foires-concours souhaitent s’ouvrir au plus grand nombre). Ainsi, nous avons choisi de réserver le terme de ‘«’ ‘ foire’ » pour les manifestations qui comportent un élément central entièrement destiné aux professionnels de la filière, alors que le terme de ‘«’ ‘ fête ’» sera employé pour désigner les manifestations populaires organisées autour d’un produit. Précisons que les foires qui nous concernent sont particulières puisque leur événement majeur, leur raison d’être est un concours. Selon I. Senaffe, les comices et les concours agricoles ‘«’ ‘ ont commencé à se tenir à partir de 1816 sous la Restauration, mais ont connu leur plus grand essor dans la seconde moitié du XIXe siècle’ ‘ 60 ’ ». Napoléon III sera pour beaucoup dans l’émergence de ce type de manifestations puisque dans les années 1860-1870, il encouragera l’agriculture et le commerce en favorisant les actions de promotion. A l’origine, les concours avaient pour objectif d’apporter le progrès aux agriculteurs. Ils devaient, en effet entraîner la modernisation des techniques et des exploitations par l’établissement de récompenses motivantes. Ces concours servent aujourd’hui à créer une émulation favorisant la promotion des produits et la recherche de qualité.

Notes
59.

GARNIER J.-C. et LABOUESSE F. : « Quand société et ruralité renouvellent leur relation. Les fêtes de transhumance dans le Midi méditerranéen » in Rautenberg M., MICOUD A., BERARD L., MARCHENAY Ph. (dir), Campagnes de tous nos désirs, 2000, pp. 123-139.

60.

I. Senaffe, op cit, p.9.