La création ou la relance des places marchandes comme production d’une dynamique

On observe aujourd’hui que les communes sont de plus en plus attentives à leur place marchande qui parfois est la source de leur renommée. En effet, les consommateurs conservent ou retrouvent occasionnellement une pratique du marché. Les communes, conscientes des intérêts économique et social des fêtes, des foires et des marchés tentent de leur donner un nouvel élan. Ces manifestations sont également sollicitées pour la place privilégiée qu’elles occupent dans la vie locale. Les relances ou les créations de places marchandes sont destinées à la distribution de produits frais ou au maintien d’un système économique – comme nous le verrons avec l’exemple de la filière bovine à Saint-Christophe-en-Brionnais. Dans le même temps, on enregistre la volonté de redynamiser une ville ou un quartier. Les fêtes, les foires et les marchés créent une ambiance ‘«’ ‘ irremplaçable’ » que l’on recherche de plus en plus volontiers, et qui fait la preuve du dynamisme de la ville.

Cela profite aussi aux commerçants sédentaires, d’où la réimplantation ou la création de marchés en centre ville. Ceux-ci créent une animation, soutiennent un dynamisme qui, économiquement, les rend ‘«’ ‘ à la fois complémentaires et concurrentiels du commerce local’ » 101 . L’ensemble des structures bénéficie de ce dynamisme puisque le déplacement sur le marché donne aussi l’occasion de se rendre chez le médecin ou au bureau de poste, de rendre visite à un parent ou un ami, et surtout, de se retrouver autour d’un verre ou d’un déjeuner. Cafés, salons de thé et restaurants sont ainsi fortement investis les jours de marchés et encore plus les jours de foires. Même si, aujourd’hui, les marchés sont moins fréquentés, leur atout provient de l’image positive dont ils bénéficient.

Avec l’apparition de nouvelles formes de distribution de détail, les marchés ont été perçus ‘«’ ‘ comme une forme de commerce vétuste et inadaptée en milieu urbain.’ » 102 Souvent la disparition des marchés a été annoncée. Loin de là, ils ont su s’adapter, effectuer des aménagements, ce qui a pu être facilité par les communes ayant bien compris les intérêts économique et social des marchés pour maintenir un dynamisme local et du lien social. Ainsi, alors qu’ils avaient peu à peu rejoint les abords des villes, ils reprennent place en centre ville. Leur date a également dû tenir compte du mode de vie actuel. Les foires annuelles en rapport avec un saint ont été fixées au dimanche le plus près (exemple : ‘«’ ‘ deuxième dimanche de septembre »’). On enregistre même aujourd’hui la création de nouvelles places marchandes ou la réorganisation des plus anciennes pour relancer les échanges – comme c’est le cas à Saint-Christophe-en-Brionnais – ou pour répondre à une demande pressante – à Sarlat, par exemple. Dans les villes moyennes, les marchés ont ainsi tendance à retrouver de l’intérêt auprès des consommateurs. Ces observations ne semblent pourtant pas s’appliquer à l’ensemble du territoire national puisque durant l’été 2002, des touristes Champenois de passage dans le Jura se sont étonnés d’y trouver des marchés hebdomadaires. ‘«’ ‘ Nous, on vient de Reims, y a plus de marchés dans la région Champagne (…). On savait même pas que ça existait encore !’ » Ce genre de remarque est assez rare, mais on observe une évolution inégale des fêtes, des foires et des marchés en France. En effet, les manifestations qui proposent des produits alimentaires connaissent un vrai succès et comptent de nouvelles créations, par endroits. Les produits manufacturés semblent, aujourd’hui, s’y écouler plus difficilement.

Notes
101.

M.Bachelard, op cit, p.8.

102.

ibid., p.86.