2.3.4. Les fêtes, les foires et les marchés, acteurs de la vie locale

Nous pouvons conclure notre présentation des marchés actuels par les remarques de N. Eizner et B. Hervieu : ‘«’ ‘ La vente des produits agricoles passe maintenant par d’autres circuits. Et pourtant le marché se développe ; d’après les observations effectuées par les services municipaux, il y a de plus en plus de monde et le marché est de plus en plus animé. Il semble continuer à assumer deux fonctions essentielles : une fonction économique, bien évidente, mais aussi une fonction sociale’ ». 105 Cette remarque a déjà 20 ans et pourtant, elle semble toujours d’actualité. Les fêtes, les foires et les marchés sont une nouvelle fois ébranlés, mais malgré la menace, ils se maintiennent toujours, et n’ont pas dit leur dernier mot. Mais pour combien de temps, pourrait-on se demander ? Pour l’heure, la tendance semble être de leur donner un nouveau souffle. Non seulement ils conservent leur place dans l’économie et la distribution des produits frais, mais aussi, leur rôle social et collectif d’animation d’une ville et d’une communauté est toujours plus soutenu. Ainsi, aujourd’hui encore, ils occupent une place privilégiée dans la vie locale. Bien qu’ils restent des lieux d’échanges commerciaux, leur poids économique a diminué. Ils restent cependant bien adaptés dans la distribution des produits frais et on observe un retour des petits producteurs vers les marchés et la vente directe en général. Pour quelques petites communes, la foire et le marché demeurent essentiels dans la constitution de leur budget, comme à Saint-Christophe-en-Brionnais. Néanmoins, ce sont leurs fonctions non-marchandes qui sont de plus en plus sollicitées. Ainsi, par l’ambiance qu’ils instaurent, ils créent une animation et une attractivité dont va profiter l’ensemble des commerces, bars et restaurants. Ils contribuent également à faire la preuve du dynamisme d’une commune, voire ils lui assurent sa notoriété. Enfin, en tant que lieux de rassemblements des populations, ils occupent une place privilégiée dans l’expression et le maintien des liens sociaux. Ils confèrent aussi une image valorisante et attractive à une communauté ou à un territoire. Ils jouent ainsi un rôle non négligeable dans la construction d’une image touristique. Le phénomène touristique tendant vers une recherche de nature, de bien-vivre, de bien-manger, a tout son intérêt pour les petites communes pour qui c’est un moyen de trouver de nouvelles ressources (directes, mais aussi induites). Toutefois, si les marchés peuvent participer au développement local et à la mise en valeur touristique d’un site, ils ne doivent pas pour autant devenir des images figées, purement folkloriques.

Parallèlement à l’existence des marchés, d’autres manifestations prennent de l’importance. Ainsi, on observe, depuis une trentaine d’années – et plus encore depuis 15 ans – la création de fêtes à thème (agricole ou artisanale, le plus souvent). Pour la plupart, ces fêtes mettent à l’honneur une production locale et ont pour objectif premier l’animation d’une ville ou la mise en valeur d’un produit.

Notes
105.

N. Eizner, B. Hervieu : « Le marché de Nogent-le-Rotrou » in Etudes Rurales, n°78-80, op cit, p.324.