3.2.2.1. Une origine récente

Organisée par le Comité des fêtes auquel appartiennent de nombreux pruniculteurs et qui dépend du syndicat d’initiatives, la fête de Saint-Aubin a lieu le deuxième dimanche de septembre, alors que la récolte et le séchage de la prune d’Ente est en cours. Elle a surtout été initiée dans le but de créer une animation dans ce petit village de 430 habitants. A Billom, ‘«’ ‘ capitale de l’ail’ », la Confrérie des Grands Goussiers organise une fête qui prend pour nom complet : ‘«’ ‘ foire à l’ail, au vin et à la brocante’ ». Celle-ci a lieu le deuxième week-end d’août, après la récolte de l’ail qui s’effectue en juillet. Cette fête est née à l’initiative de M. D., maire-adjoint de l’époque, ancien commerçant (quincaillier), passionné par les brocantes et par l’histoire de sa région. Se rendant régulièrement sur des Salons à Paris pour approvisionner son commerce, il a découvert, une année, aux Halles de la Villette, la ‘«’ ‘ Foire à la ferraille et au jambon »’. Le mélange des deux produits le surprit et lui donna une idée qui allie sa passion à une activité économique traditionnelle de sa région qu’il va greffer sur le concours aux vins (d’Auvergne) qui, lui, existe depuis une dizaine d’années déjà. ‘«’ ‘ Comme ici, il y avait beaucoup de producteurs d’ail, on a lancé ça »’, précise-t-il. En 1992, après le constat d’une réussite – la fête rencontra dès le départ un large public –, la confrérie Les Grands Goussiers a été créée. C’est elle qui organise la foire à l’ail, ainsi que la fête de l’ail’ambic et le salon S.R.G..

M. D. appartient à la confrérie dont il a été l’instigateur, mais le président, J.J. (de la Chambre d’Agriculture), a pris les rênes, non sans susciter quelques tensions avec M. D..

La fête de la raviole et de la pogne, à Romans, a été créée, quant à elle, par M. V., restaurateur, dans l’intention de créer une animation. Alors qu’il organise déjà des cafés-concerts dans son café-restaurant, il participe à la création de l’association Jacquem’arts pour initier cette fête. ‘«’ ‘ Parce que c’est un produit très demandé, et fallait faire une fête avec. Comme y a la fête du picodon, la fête de… n’importe quoi… le foie gras, le calisson d’Aix… Et la raviole n’avait pas de fête donc il en fallait une’ » remarquera M. V. . Créée en 1985, elle a été suspendue quelques années à ses débuts. Cette fête avait d’abord lieu en juillet, mais les producteurs l’ont fait déplacer au mois de septembre, ‘«’ ‘ parce que les gens ont moins envie de manger des ravioles quand il fait chaud »’, précise M.V.. Aujourd’hui, elle a donc lieu en même temps que les journées du patrimoine créées en 1983. Alors que certains demandaient à nouveau le changement de la date de la fête, M. V. a refusé : ‘«’ ‘ la raviole est un patrimoine aussi (…). Ça se complète (…) Notre fête devient un peu un patrimoine gastronomique’ ».

La fête des piments d’Espelette a permis de créer une animation, durant une époque ‘«’ ‘ calme’ », c’est-à-dire en octobre quand les travaux des champs sont terminés et que le piment mis en corde rougeoie sur les façades des murs blancs typiquement basques tandis que les touristes se font rares. L’organisation de cette fête donnera naissance à la Confrérie du piment d’Espelette (A.O.C. depuis juillet 2 000) qui la prend totalement en charge aujourd’hui. Le choix du piment, ici comme à Romans, semble presque secondaire. Peu importe la nature du produit, une fête aurait été créée de la même manière. C’est parce que ces produits étaient de culture locale, représentatifs, typiques, qu’ils ont été choisis pour être mis en valeur.

Si la manifestation est de création récente, partout le produit est présenté par les producteurs et les visiteurs, comme étant une production traditionnelle à la région avec ses modes de culture, de préparation et aussi ses mythes. Ainsi, un parchemin que possède M. D. raconte comment des Croisés partis de Billom sont revenus en 1099 avec une malle contenant ‘«’ ‘ trois bulbes d’une plante inconnue que nos pèlerins ont identifiés des meilleures vertus médicinales ’» qu’ils plantèrent dans le jardin de la Collégiale et qui ‘«’ ‘ devaient participer à la renommée de Billom ».’

Les règlements, souvent nés de l’‘»’ ‘ inspiration’ » de chacun, sont assez brefs sans être pour autant trop permissifs notamment sur la nature du commerce qui demande à s’installer. Pour s’inscrire, il faut être producteur (du produit d’honneur) c’est-à-dire inscrit à la Mutualité sociale d’agriculture, ou être inscrit au Registre du commerce ou au Répertoire des métiers. A Billom, les personnes qui participent à la brocante sont des particuliers non professionnels. A Saint-Aubin, le règlement définit clairement la présentation du produit qui doit être esthétique. Les règlements concernent ainsi surtout les emplacements : les rues et places principales sont généralement réservées au produit fêté. Si quelques autres produits ou divertissements sont acceptés, ils sont limités en nombre, certains étant même interdits. ‘«’ ‘ Faut pas que ça devienne la foire ! »’ nous fait-on remarquer. Pour participer, les inscriptions se font à l’avance (aucune inscription de dernière minute n’est acceptée – de même que l’acquittement du droit de place). Celui-ci se présente sous la forme d’un forfait pour le week-end et il est généralement calculé sur la base du mètre linéaire. Ainsi, à Saint-Aubin, le forfait est de 300 F pour 4 mètres linéaires. A Billom, jusqu’à 2 mètres de profondeur il en coûtera 58 F le mètre linéaire ; de 2 à 4 mètres : 116 F le mètre linéaire ; plus de 4 mètres : 174 F le mètre linéaire.