3.2.2.2. Place du produit sur la fête

Le produit de la fête (ail, piment, pruneau, raviole et pogne) occupe une place d’honneur puisqu’il investit la place ou la rue principale de la ville. Dans les artères adjacentes, ou autour, d’autres produits sont exposés, comme à Espelette où l’on trouve divers produits régionaux du Grand Sud Ouest, la règle étant qu’ils doivent être fabriqués de manière artisanale, familiale et locale. De même à Saint-Aubin, d’autres produits sont autorisés à la vente, mais exclusivement les produits dits ‘«’ ‘ fermiers’ » : ‘«’ ‘ tous les exposants qui viennent à notre foire sont fabricants de leurs produits, quels qu’ils soient. (…) Il peut y avoir des camelots qui se présentent, mais ceux-là, on ne les prend pas. Parce qu’on veut une foire authentique, ciblée sur ce qui est la tradition des foires et marchés produits fermiers’ » déclarent à l’unanimité les trois personnes du comité des fêtes de Saint-Aubin. A Romans où boulangers et producteurs de ravioles sont sur la place principale, les commerçants sont engagés à organiser leurs propres animations. Dans la vieille ville (les bas quartiers) qui semble accuser une baisse de fréquentation, on rencontre ainsi, au fil des déambulations dans les rues médiévales, de nombreux artisans (peintures, sculptures, objets en bois, fleurs séchées…) et des musiciens de rue. Dans une allée bordée d’arbres sont présents des représentants d’associations et des auteurs de B.D. qui dédicacent leurs ouvrages.

La plupart du temps, chaque producteur-exploitant tient son propre stand, comme à Billom où la rue principale accueille une allée d’exposition d’ail (aulx). Chacun essaye alors de rivaliser avec son voisin par la décoration, la vente de produits spécifiques, ‘«’ ‘ spécialités maisons’ », comme la soupe à l’ail, l’apérail… quand ce n’est pas par les prix, ce qui n’est pas toléré par les autres : ‘«’ ‘ ils cassent le marché. Ce n’est pas normal’  ! »

A Romans, les producteurs de ravioles et de pognes se sont réunis sur un stand commun, représentant leur syndicat. Ils se retrouvent ainsi tous sous la même enseigne ‘«’ ‘ raviole du Dauphiné’ » ou ‘«’ ‘ pogne de Romans ».’ Un boulanger s’étant retiré du syndicat possède toutefois son propre stand. D’autres, pour diverses raisons (manque de temps, désaccord avec le syndicat…) ne se déplaceront pas sur la fête mais présenteront leurs produits devant leur boutique. Sur la fête, les producteurs de pognes se relaient toute la journée. Chacun aura préparé sa pâte la veille qui sera cuite le lendemain, sur le stand, devant les passants. Un plateau dégustation est présenté au milieu des pognes à acheter. Ce qu’ils vendront ne sera donc pas forcément le fruit de leur propre travail, ce qui pourra poser quelques problèmes à certains (dans la mesure où ils ne sont pas forcément d’accord avec les techniques de fabrication d’un autre). Les producteurs de ravioles, quant à eux, possèdent chacun, sous un même chapiteau, une banque réfrigérée. Le consommateur pourra donc choisir les ravioles de tel ou tel producteur, voire acheter les ravioles de différents producteurs pour les comparer. Aux heures des repas, il est possible de manger un plat de ravioles suivi de fromages locaux à l’une des quelques tables disposées à cet effet sur la place centrale.