3.2.2.3. Les animations

Bien entendu, on trouve les incontournables buvettes autour desquelles se rendent ou se retrouvent de nombreux groupes. En été, les terrasses des cafés ne désemplissent pas. De plus, de nombreuses animations sont proposées tout au long de la journée. Un manège pour enfants en profite parfois pour s’installer.

A Romans on peut assister, sur la place centrale, à des démonstrations de danses folkloriques. Plus tard dans la soirée aura lieu un spectacle pyrotechnique. A Espelette, la fête commence réellement le samedi soir, par un grand bal populaire. L’âme basque renaît alors à travers des musiques traditionnelles. Le dimanche matin, dès sept heures, une trentaine de confréries venues d’Aquitaine, de Navarre, d’Euskadi et de Midi-Pyrénées se retrouvent chacune sous sa bannière. Une messe solennelle est donnée, où sont repris des cantiques basques, et où sont bénis les piments. A la sortie de la messe, le cortège se forme pour aller sur la place centrale où seront intronisées de nouvelles personnalités issues essentiellement du monde sportif ou gastronomique, le monde politique étant catégoriquement refusé. Un prix ‘«’ ‘ piment’ » est d’ailleurs décerné, généralement à un sportif basque ou des régions proches, récompensant son mérite, sa hargne (ce n’est pas forcément le meilleur). Les confréries se retrouvent ensuite ensemble autour d’un repas.

L’esprit est donc avant tout à la fête malgré quelques intermèdes à caractère ‘«’ ‘ officiel’ » (concours, intronisations…). A Romans et Billom, des personnalités sont également intronisées par les confréries. A Romans, on préfèrera le terme d’ ‘»’ ‘ Ambassadeur’ » de la raviole et de la pogne, une simple plaque de ravioles étant passée autour du cou. Le terme de confrérie semble ainsi péjoratif car synonyme de sectaire. A Billom, très sobrement, des personnalités (dont Gérard Klein en 1999) sont intronisées sur la place publique devant quelques curieux. Ces personnalités s’engagent alors à devenir les portes-paroles, les ambassadeurs, voire les défenseurs du produit.

Divers concours sont également organisés, de manière moins stricte, moins sérieuse que pour les concours professionnels où l’enjeu est plus grand.

Le samedi matin, pendant que les chalands commencent à arriver, les membres du jury du concours de l’ail (présentateur France 3 Auvergne, rédacteur en chef du supplément Les Echos, technicien de la Chambre d’Agriculture, Ingénieur I.N.R.A, négociant d’ail, membre du groupement national interprofessionnel des semences basé à Lyon, membre de la direction générale de la répression des fraudes…, tous appartenant à la confrérie des Grands Goussiers se retrouvent sous le chapiteau. L’ail concourt dans différentes catégories selon la présentation : botte, tresse, filet… Le jury regarde, touche… mais ne goûte pas. Le jugement porte surtout sur la présentation, la conformité de l’ail, l’homogénéité du lot… A midi, les prix sont remis par les élus locaux qui en profitent pour rappeler qu’une démarche d’appellation A.O.C. est en cours, qu’il faut soutenir pour produire de l’ail de qualité ce qui permettra de faire la promotion de la production et de défendre l’image de la région Auvergne. Le prix (une coupe) n’a pas de valeur en soi mais il fait plaisir à celui qui le reçoit et, comme ce sont des professionnels qui ont jugé le produit, cela marque une certaine reconnaissance de la qualité du travail.

Le dimanche matin a lieu le concours des vins d’Auvergne, dans une salle municipale. Bien que la région soit assez viticole, le vin n’est pas réputé et, aux dires des interlocuteurs, n’est pas ‘«’ ‘ fameux ».’

Un prix du plus beau stand est également remis. Ce prix existe aussi à Saint-Aubin où l’article 4 du règlement de la foire aux pruneaux précise que ‘«’ ‘ le stand de chaque exposant doit être décoré avec soin, mettant en valeur le pruneau. Tout emballage vide et ne servant pas sera mis à l’abri des regards des visiteurs. Le costume agenais est souhaité’ ». La tenue fait partie des critères pour le prix du plus beau stand. Des concours sont aussi organisés par catégories de produits : pruneaux, pâtisseries, produits fermiers… Des prélèvements anonymes sont remis à un jury composé de professionnels (professeurs de lycées agricoles, restaurateurs, membres du bureau des professionnels du pruneau…) choisis à l’extérieur de la commune et du comité des fêtes. Douze stands sur une soixantaine exhiberont leur coupe l’après-midi. Des concours plus ‘«’ ‘ ludiques’ » mettent en valeur le produit : concours de chansons, de poésies et de slogans sur le pruneau ou la foire aux pruneaux, en français ou en occitan ; concours de craché de noyau en hauteur, concours de pâtisserie…

Saint-Aubin veut se distinguer des autres fêtes par sa décoration. En effet, de la mi-novembre à courant avril, un groupe de bénévoles de la commune se réunit une fois par semaine pour confectionner les 12 000 fleurs en papier crépon, soit cinq kilomètres de guirlandes qui formeront un toit fleuri dans tout le village. Chaque année un nouveau modèle est composé pour rester toujours attractif. C’est aussi l’occasion pour ces bénévoles de se rencontrer régulièrement, puisque beaucoup vivent dans des fermes isolées, lors de soirées très laborieuses mais qui se terminent par la dégustation d’une tarte ou d’un gâteau que chacun apporte, à tour de rôle.

A Espelette, il existe une ferme volonté de faire participer tout le monde, mais d’une autre manière puisqu’on essaye de renouer avec les traditionnelles ferias basques. Ainsi, dans tout le village on peut rencontrer des bandas (groupes de musiques) qui défilent entraînant tout le monde, de tous âges. Des jeux basques sont aussi organisés près du fronton que tout village basque se doit de posséder.

Généralement, la population prend une part active dans l’organisation de la fête, notamment à Saint-Aubin où au moins un représentant de chaque famille participe à la confection des guirlandes de fleurs. Cela prendra un an, permettant ainsi de garder un lien tout au long de l’année entre les personnes du village. Celui-ci étant petit, tout le monde participe plus ou moins aux préparatifs.

La fête, qui est annuelle, n’entre que très peu dans le poids de la commercialisation des produits. Néanmoins, tous reconnaissent l’importance de ces fêtes qui sont pour eux un moyen de communication. Ainsi, ils distinguent les fêtes annuelles des marchés hebdomadaires où ils vont vendre leur produit et où la clientèle – locale – leur est acquise. Les animations proposées par les producteurs sont très variées mais relèvent principalement de deux objectifs. Les unes (décoration de stand, présentation de produits originaux comme la soupe à l’ail…) visent à rendre attractif un étal particulier. Les autres (dégustations, informations sur le produit…) servent plus largement à valoriser une production locale et une filière. Dans la partie suivante, nous montrons comment la valorisation de produits qui repose sur des enjeux économiques, passe par une information sur ses caractéristiques techniques et organoleptiques que sur une construction sociale de la qualité.