Les coopératives : des négociants parmi d’autres

Les coopératives ont pour vocations principales la mise à disposition du matériel (c’est le rôle des C.U.M.A. 154 ) et la mise sur le marché. Si la forme coopérative semble fonctionner sans heurts dans certaines régions, d’autres éprouvent plus de difficulté à passer par les milieux coopératifs. Ainsi à Billom où un fort individualisme est souvent dénoncé, un technicien de la Chambre d’agriculture regrette que les producteurs ne privilégient pas plus les groupements coopératifs tout en dénonçant le système tel qu’il existe actuellement et qui demanderait une réévaluation. En effet, pour lui la coopérative pourrait être un moyen de ne plus être tributaire des négociants privés qui imposent leur prix, les mettent en concurrence entre eux et surtout avec d’autres pays de production. Néanmoins, ce technicien reconnaît que les coopératives ne remplissent plus toujours leur rôle pour satisfaire des intérêts économiques. Ainsi beaucoup de producteurs rencontrés, à Saulieu et Billom en particulier, refusent de passer par le système coopératif, qu’ils affublent des mêmes adjectifs que ceux attribués aux négociants. Pour eux, la ‘«’ ‘ coop’ » n’est bien souvent qu’un négociant parmi d’autres. En effet, c’est la coopérative qui fixe ses prix, et c’est elle qui se charge de la commercialisation de l’ensemble de la production, en se dégageant une marge (pour la gestion…). La coopérative a les mêmes avantages qu’un négociant, c’est-à-dire qu’elle achète en gros – donc à prix réduit – et qu’elle permet de se décharger de la préoccupation de la commercialisation. Elle en a aussi les inconvénients. Son interlocuteur est le même : la grande distribution. Un éleveur de charolais résume la situation en soulignant qu’il préfère éviter la coopérative car elle prend une trop grande marge, mais dans le même temps, elle a l’avantage d’acheter en grosses quantités car elle a des débouchés.

‘«’ ‘ Les négociants… c’est leur métier, aussi. On leur demande tant de tonnes d’ail, faut qu’ils les trouvent, hein. Si le client est, je dirais, pas trop regardant sur la qualité… (…) S’il a pas assez d’ail d’Auvergne, il vend de l’ail d’Argentine, de Chine…’ » explique un producteur d’ail. Pour lui, la mise en place d’un groupement coopératif prolongerait logiquement la démarche de labellisation de l’ail (A.O.C.) soutenue par la Chambre d’agriculture, mais qui ne recueille pas encore l’adhésion totale des producteurs. Il espère ainsi qu’une réflexion s’engage pour mettre en valeur l’ail, valoriser les techniques de production visant à l’élaboration d’un produit de qualité – ou du moins de produits de différentes qualités pour répondre à chaque demande. La recherche d’un produit de qualité, qui serait consignée dans une charte, devra s’accompagner d’une commercialisation adaptée, maîtrisée par les producteurs. Organiser, structurer, accompagner la production et la commercialisation relève d’une même démarche de définition et de valorisation d’une qualité. Le groupement pourrait permettre de ne plus être en concurrence avec des ails de pays étrangers (par l’intermédiaire de l’A.O.C.) et de fixer les prix, qui pourraient être réguliers tout au long de l’année et ne pas varier – pour vendre à perte parfois – selon la loi de l’offre et de la demande.

Notes
154.

Coopératives d’utilisation du matériel agricole