4.2. De la présence au culte

Nous avons vu, dans un premier temps, que l’espace pouvait transformer l’objet (le produit) et que celui-ci était perçu différemment selon le lieu où il se trouvait. Mais pour comprendre le rôle et la place qu’y occupe le produit, il faut préciser s’il s’agit d’un marché, d’une fête ou d’une foire. En effet, bien que les différents types de manifestations soient assez similaires et aient une vocation commerciale, le produit alimentaire n’occupe pas les lieux de la même façon. Si pour les producteurs et les consommateurs, la rencontre peut se faire de la même façon sur une fête, une foire ou un marché, le produit présenté n’est pas exposé de la même manière sur tous. Il est présenté sur un étal, valorisé par la comparaison publique ou par des ornementations. Le producteur ou l’éleveur ne participera donc pas de la même manière à le mettre en valeur et à délivrer informations et conseils. Et ce d’autant plus que les chalands ne vont pas pour les mêmes raisons sur chacune des manifestations. Les marchés restent de l’ordre du quotidien alors que les fêtes et les foires sont beaucoup plus propices à l’élaboration de discours qui mettent en valeur un produit et une filière. De plus, chaque manifestation n’a pas le même rapport au temps. Ce rapport au temps est essentiel pour comprendre la perception que l’on a de ces produits. Chaque type de manifestation s’inscrit de manière particulière dans le temps cyclique, lui donnant un rythme (hebdomadaire ou annuel) qui l’intègre de manière particulière dans les différents temps sociaux. Le rythme cyclique (en Occident) marque, donne des repères à la vie sociale et ‘«’ ‘ devient l’élément principal de la socialisation humaine, l’image même de l’insertion sociale (…). »’ ‘ 177 ’ Le rythme inscrit l’homme dans la société. La fréquence de l’événement, son rythme, prennent donc un sens différent pour l’homme selon le temps social dans lequel il s’inscrit.

Notes
177.

A. Leroi-Gourhan, Le geste et la Parole, II, La mémoire et les rythmes, 1965, p.142.