6.2. Les fêtes, les foires et les marchés : médiatiser la rencontre entre mondes agricole et urbain

Dans le même temps que s’effectue un apprentissage du produit et de sa consommation, se réalise un rapprochement entre deux mondes. Les fêtes, les foires et les marchés ont toujours favorisé la rencontre entre des publics très diversifiés. Jusqu’au milieu du XXe siècle ils étaient considérés comme lieux de rencontres privilégiés entre ruraux et citadins. Les citadins se sont éloignés des lieux de production alors que le monde agricole se marginalisait. La rencontre offerte par l’intermédiaire des places marchandes se pose dans de nouveaux termes en mettant en contact producteurs et consommateurs. Aujourd’hui, un élan, une volonté commune d’aller à la rencontre de l’autre voit le jour pour servir les intérêts de chacun, pour résoudre ses difficultés. Par la dimension identitaire reconnue dans les produits de terroir, par l’apprentissage des savoirs propres à leur élaboration et à leur consommation, la communication réalisée pour une meilleure connaissance des produits médiatise la culture spécifique dont ils sont issus. Nous avons observé, plus haut, que la qualité des produits présentait un cadre technique défini comme étant propre aux savoirs et aux savoir-faire d’un groupe, et de ses pratiques culinaires. Ce n’est pas seulement un produit que l’on découvre et que l’on expose, c’est aussi une culture. Nous avons vu, en effet, comment les fêtes, les foires et les marchés passaient pour être de vivantes représentations d’une communauté locale et comment la mise en scène d’une certaine identité (par des costumes mais aussi par un discours sur la typicité locale) permettait de valoriser une production. Cette culture se donne à voir, à saisir, et elle s’offre au visiteur pour le faire devenir acteur et participer à son animation, à sa vie.